L'étude de Victorri & Fuchs (1992) sur l'adverbe "encore" a été l'une des premières à poser le problème de la polysémie et à proposer une solution en termes de valeurs typiques, de noyau de sens et d'espace sémantique. Cela a récemment inspiré une étude de l'adverbe "toujours" (Hansen, 2004), lui aussi polysémique.
Or en analysant successivement "encore" et "toujours", la redondance est frappante : même valeur de base (temporelle), synonymie récurrente ("Il l'aime toujours" étant peu différent de "Il l'aime encore") et emplois partagés (emploi duratif, modal, etc.).
Cela soulève donc le paradoxe souligné par Culioli dans le cadre de la Théorie des Opérations Prédicatives et Enonciatives (TOPE) : le rapport entre langue et langage n'étant pas biunivoque, un marqueur peut se rapporter à plusieurs opérations (les deux adverbes étant chacun polysémique) et une opération peut être réalisée par plusieurs marqueurs (les deux adverbes possédant des cas de synonymies nombreux).
Nous nous proposons donc dans cette étude de concilier polysémie et synonymie afin de mieux cerner les opérations spécifiques et celles partagées par les deux marqueurs.
Pour cela nous rappellerons d'abord dans une brève comparaison les différents emplois décrits par Victorri, Fuchs et Hansen. Puis nous nous attacherons particulièrement à étudier les zones de synonymie (à distribution identique ou différente) et celles de spécificité (sur une même distribution ou sur une distribution différente) pour enfin proposer une synthèse en tentant de préciser le noyau de sens spécifique à chacun des deux marqueurs (...)
[...] Il illustre les points de convergence et de divergence entre les deux marqueurs (nous avons gardé les termes utilisés par les auteurs pour les discuter par la suite). II Synonymie locale Valeur durative ou continuative : Victorri et Fuchs (1996) soulignaient déjà qu'« encore avait pour cette valeur toujours comme synonyme. Effectivement, il est difficile de voir une différence entre les énoncés : On pourrait peut-être apporter la nuance que dans l'amour est plus improbable, d'un degré plus grand que dans qui ne ferait que d'actualiser le procès (il l'aimait, il continue de l'aimer). [...]
[...] IV Synthèse et Noyaux de sens. Au terme de cette étude nous pouvons constater que la synonymie des deux adverbes est plus que restreinte, et qu'ils divergent plus qu'ils ne convergent. Chacun d'eux possède un noyau de sens défini d'où sort un faisceau d'emplois différents, et nous avons convenu que ce noyau résidait pour les deux adverbes dans l'emploi temporel. Ainsi, concernant encore, Victorri & Fuchs (1996) déterminent son noyau de sens en ces termes : encore soulign[e] qu'à l'instant t0 dont on parle la proposition assertée P est vraie ( ) parce qu'on aurait pu penser que l'intervalle temporel de sa validité était révolu. [...]
[...] Victorri, Fuchs et Hansen rappellent chacun l'étymologie des adverbes pour justifier cette valeur. Encore proviendrait du latin ad hanc horam (jusqu'à cette heure) et toujours du vieux français tous jours Ces étymologies aident à comprendre qu'il est effectivement question de temps mais que ce temps n'est pas employé de la même façon, encore interrogeant l'actualisation (que se passe-t-il à cette heure et toujours la quantification du temps (à tous les instants). Il est donc important de préciser que malgré son nom, il ne s'agit pas de la même valeur, et surtout pas de la même opération marquée par les deux adverbes. [...]
[...] que Ah non ! Tu ne peux pas dire ça. Pas encore ! dans des sens autonymiques). Bibliographie : Hansen M-B. M. [...]
[...] Cela a récemment inspiré une étude de l'adverbe toujours (Hansen, 2004), lui aussi polysémique. Or en analysant successivement encore et toujours la redondance est frappante : même valeur de base (temporelle), synonymie récurrente Il l'aime toujours étant peu différent de Il l'aime encore et emplois partagés (emploi duratif, modal, etc.). Cela soulève donc le paradoxe souligné par Culioli dans le cadre de la Théorie des Opérations Prédicatives et Enonciatives (TOPE) : le rapport entre langue et langage n'étant pas biunivoque, un marqueur peut se rapporter à plusieurs opérations (les deux adverbes étant chacun polysémique) et une opération peut être réalisée par plusieurs marqueurs (les deux adverbes possédant des cas de synonymies nombreux). [...]
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