La torture est un problème épineux au niveau de la législation internationale. En effet, ce concept résiste à une définition précise et scientifique. Tout d'abord, la torture décrit un comportement humain, mais chaque être humain a des caractéristiques uniques, que ce soit au niveau de son seuil de douleur, de son originalité psychologique ou encore de ses influences culturelles. Ensuite, la torture et la souffrance infligées sont des concepts se décrivant nécessairement dans un continuum allant de l'inconfort à la douleur, si ce n'est la mort. Une tentative de circonscription du problème doit donc contenir des critères qualitatifs, à la fois relatifs et subjectifs. Malgré tout, cette définition devra être absolument sans ambiguïté, sa précision devant éliminer toute « zone d'ombre » propice aux débats et aux abus. Un contenu descriptif est donc nécessaire, ceci également pour éviter que la torture soit appelée « interrogatoire en profondeur » par les tortionnaires.
[...] La torture, c'est-à-dire des interrogatoires musclés, semble empiéter sur la liberté de tout un chacun, l'accepter au nom du pragmatisme et d'une doctrine de l'action revient à s'y exposer et donc à prendre un risque. Ce risque de légitimer parfois la torture en vaut- il la chandelle ? En d'autres termes, le remède n'est-il pas pire que le mal que l'on tente de soigner ? D'une manière générale, de nombreux défis sont posés aux principes, aux institutions et aux pratiques sociales, à partir du moment où l'on veut à tout prix concilier liberté et sécurité. [...]
[...] Tel est le principe d'impartialité sur laquelle repose l'idée de justice. C'est la société ultimement qui garantit ou ébranle notre confiance dans le monde ; et le droit est là le seul terrain où nous puissions œuvrer en commun pour faire reculer le mal, dont la torture est une des pires expressions humaines. [...]
[...] Il ne s'agit pas de savoir si les preuves sont utiles, mais de déterminer si le Royaume-Uni feindra d'ignorer ses principes fondateurs, se réclamant de la nécessité de la raison d'État machiavélienne. La raison d'État machiavélienne : une nouvelle définition de la nécessité Le précepte de cette raison d'État est énoncé dans Le Prince au chapitre XV et repris au chapitre XVIII : Il est nécessaire à un prince, s'il veut se maintenir, d'apprendre à pouvoir n'être pas bon et d'en user et n'user pas selon la nécessité. De quelle nécessité s'agit-il ? Certaines formulations de Machiavel peuvent prêter à confusion. [...]
[...] Les contraintes de l'urgence et les impératifs de la responsabilité personnelle Nous l'avons vu en première partie ni la loi ni le juge ne peuvent ni ne doivent jamais rendre juridiquement légale un acte qui est contraire aux principes de base non seulement de nos préceptes normatifs, mais également de tout notre système politique. La seule politique publique, conciliable avec les principes de la démocratie, est donc l'interdiction de la torture. Nous le répétons, afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté sur le sens de notre raisonnement. [...]
[...] Conclusion Imaginez qu'un terroriste ait été arrêté et qu'il soit, avec assez d'indices pour emporter une conviction raisonnable, suspecté d'avoir posé une bombe dans une école de la ville, imaginez que dans l'une de ces écoles se trouvent vos propres enfants ; toutes les méthodes d'interrogatoire légales ayant été employées en vain, l'homme se refusant à parler, ne serait-il pas légitime dans ce cas d'avoir recours à la torture ? C'est un piège de demander à quelqu'un : Mais que ferais-tu, toi, en pareille situation ? Tout simplement parce que la question ne lui sera jamais posée. [...]
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