On appelle passion un mouvement violent, impétueux vers ce qu'on désire. L'égalité est ici un rapport entre des individus, des citoyens égaux en droits et soumis aux mêmes obligations : égalité civile, politique, sociale. Egaliser les conditions signifie niveler : élever le peuple au niveau des nobles et abaisser les nobles au niveau du peuple, dans tous les domaines. Quand les conditions sont égales, il n'y a ni roturiers ni nobles, pas de préjugés de naissance ni de profession.
Alexis de Tocqueville, aristocrate du XIXème siècle, s'efforce dans De la Démocratie en Amérique, de comprendre le passage d'un état social aristocratique à un état social démocratique, rendu possible par la progression durable et irrésistible de l'égalité des conditions. Pour lui, elle est « à la fois le passé et l'avenir de l'histoire. » (...)
[...] On trouve la réponse dans les lois dont la nature démocratique corrigent (en partie) ces passions, excès dangereux de la démocratie. A la Chambre des représentants de Washington il n'y a pas de personnes connues, ce ne sont que des représentants issus du peuple ; au Sénat il n'y a que des avocats et autres orateurs célèbres. Ces deux assemblées représentent donc à la fois la majorité et les pensées élevées du pays. Le double degré électoral est le seul moyen de mettre la liberté politique à la portée de toutes les classes du peuple. [...]
[...] On remarque que le mot liberté figure en premier dans la devise de la France Liberté, Egalité, Fraternité c'est donc que la liberté a une place primordiale. Chez certaines nations où il n'y a pas d'égalité des conditions, la liberté de presse devient alors la seule garantie qui reste de liberté et de sécurité aux citoyens. Mais si on voulait enlever cette liberté, le peuple entier se révolterait ; c'est une sorte de compromis : les citoyens laissent ses privilèges au gouvernement mais en échange ils gardent la liberté. [...]
[...] Le souvenir des anciennes inégalités perpétue alors, si ce n'est la haine, du moins le mépris ou l'envie entre les nouveaux égaux. Or cela peut être différent pour ceux qui naissent égaux, cette égalité est alors de l'ordre de l'inné, que ce soit pour une génération ou pour un Etat. Enfin, nous devons faire la différence entre l'égalité et la similitude. On peut et il faut faire de l'homme et de la femme des êtres égaux, mais il serait absurde de vouloir en faire des êtres semblables, qui auraient les mêmes fonctions et les mêmes devoirs professionnels. [...]
[...] Ainsi, tous les extrêmes s'adoucissent, s'arrondissent : c'est le règne du moyen, du juste milieu. Bien qu'elle tente de faire au mieux en conservant cette médiocrité, l'égalité poussée à l'extrême, prise comme une passion violente, pose des problèmes : celui de l'uniformité universelle, et le fait qu'elle ne rende pas toujours les hommes égaux dans le meilleur : elle les rend soit tous libres soit tous esclaves, tous égaux en droits ou tous privés de ceux-ci, elle élève toute la foule au niveau des gouvernants ou abaisse tous les citoyens sous le niveau de l'humanité. [...]
[...] Lorsque les conditions sont inégales et les hommes très différents, quelques individus les plus éclairés et les plus savants sont pris pour guides par la multitude ignorante qui reconnait la supériorité de leur raison. Ils sont presque pris pour des prophètes, cette croyance s'apparente à la religion, et ces individus éclairés peuvent profiter de leur pouvoir en manipulant le reste des citoyens. Au contraire, plus les hommes sont égaux et semblables, moins ils croient aveuglément un homme ou une classe. [...]
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