Thomas Samuel Kuhn, "La Structure des révolutions scientifiques" : commentaire

Résumé du document

Dans cet ouvrage, Kuhn cherche à comprendre le pourquoi et le comment des changements de croyances scientifiques, afin de déterminer dans quelle mesure on peut encore légitimement leur attribuer une portée objective, alors même qu'elles ne cessent de varier et réévaluer les données familières. Ces changements de perception se trouvent en rapport direct avec la notion centrale de "paradigme" dont la définition préalable est donnée par Kuhn dès la préface, un paradigme désigne "les découvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à une communauté de chercheurs des problèmes types et des solutions" (...)

Extraits

[...] Ces écoles ont contribué à l'avènement de concepts au niveau théorique mais aucune d'elles n'a pu prétendre au titre de révolution scientifique car elles n'ont pu imposer leurs théories comme premier paradigme universellement reçu (Chapitre1). Ce stade pré-normal est considéré, par Kuhn, comme le stade primitif du développement, commun à toute science, quelle qu'elle soit : fondée sur plusieurs écoles comme dans l'Antiquité ou sur plusieurs communautés scientifiques comme aujourd'hui, chacune se disputant l'explication de tel ou tel phénomène naturel. [...]

[...] Thomas Samuel Kuhn offre dans La Structure des Révolutions Scientifiques une modélisation des différentes phases historiques de toute révolution scientifique, ainsi qu'une théorie générale de la signification des concepts scientifiques. L'image de la science proposée par Kuhn n'est pas celle d'une connaissance suivant un progrès linéaire, mais procédant par à-coup, par des révolutions cycliques suivies de périodes de stabilité. Dès lors, elle n'apparait plus tournée vers une représentation fidèle du réel, mais seulement vers davantage d'efficacité pragmatique dans la résolution des énigmes que forgent les scientifiques lorsqu'ils rendent compte de ce qu'ils se représentent comme étant le réel. [...]

[...] Chaque changement de paradigme est associé à l'idée de progrès scientifique. Kuhn a une conception nouvelle du progrès : il désigne le progrès à partir d'une origine primitive et non vers la vérité. II : Notions centrales : Science normale et le concept connexe de paradigme. (p.31) Le travail scientifique est à la fois théorique (comme connaissance intellectuelle) mais est aussi pratique (nécessite un travail d'apprentissage sous forme d'exercices). Il ne faut pas selon Kuhn réduire la science au niveau théorique mais il s'agit d'exercer cette connaissance dans le domaine pratique. [...]

[...] Par exemple, l'auteur souligne que ce qui émane des manuels scientifique diffèrent profondément du compte-rendu historique de l'activité en science. Il faut s'efforcer de mettre en lumière l'ensemble historique que constituait cette science à son époque Il ne faut pas omettre le contexte historique lors de l'étude du processus de développement de la science. En effet, c'est le contexte historique qui a amené Kuhn à rejeter en premier lieu une théorie d'accumulation linéaire de la science. Dans sa construction de problème, Kuhn cerne son ennemi théorique afin de créer ses propres concepts et voir où ses idées divergent par rapport aux autres historiens des sciences. [...]

[...] I : la Structure des révolutions scientifiques A. La Structure : les 5 étapes de la révolution scientifique Les révolutions scientifiques sont rythmées par et naissent des tensions essentielles entre la tradition (fidélité aux traditions héritées) et l'innovation (volonté d'imposer de nouveaux paradigmes) : chacun tentant de prouver (par des preuves scientifiques) la bonne foi de leur théorie respective mais les preuves des uns ne sont généralement pas probantes pour les autres car elles n'adhèrent pas aux mêmes paradigmes. La première phase d'une science (phase pré-paradigmatique ou pré- normale) se caractérise par le fait qu'il y ait de nombreuses conceptions en présence, ces conceptions sont relatives à des écoles de pensées ayant chacune une philosophie de la nature antagoniste. [...]