théâtre, conventions, artifice, miroir, réalité
Le théâtre repose sur un système de conventions, le spectateur sait bien qu'il ne se passe rien de réel sur scène, mais il feint de croire que le spectacle auquel il assiste est vrai. Quant aux acteurs, ils agissent à l'intérieur des conventions comme si leur but essentiel était de tromper le public ou d'essayer de donner l'illusion du réel. Mais le théâtre, dirigé par tant de règles et se parant de tant d'artifices, peut-il vraiment refléter la vérité et la réalité quotidienne ?
[...] C'est un "théâtre du quotidien" que prônent des auteurs comme Vinaver ou Grumberg, mais ce nouveau genre allie constamment l'onirisme au réalisme. Même s'il est impossible de prédire dans quelles voies le théâtre se dirigera dans les prochaines années, on peut affirmer que le réalisme pur est bien mort. On peut penser que cet échec de l'illusionnisme à toutes les époques est du à l'attirance du public pour le dépaysement d'un spectacle ne cherchant pas à reproduire une réalité qu'ils vivent tous les jours. [...]
[...] Jean Tardieu, dans Un mot pour un autre (1951), transforme en délire une vulgaire scène de boulevard en remplaçant simplement, à l'intérieur de phrases banales, un mot par un autre. Le théâtre de l'absurde ne reflète plus, comme le théâtre réaliste, la réalité de la vie, mais la dérision du quotidien. Plus généralement et sans chercher d'effet, le théâtre classique lui-même est un théâtre de l'invraisemblable. Il est borné par trop de conventions et de règles strictes pour paraître véridique. [...]
[...] Lorsqu'on souhaite faire jouer à des acteurs des situations réelles, on doit elles aussi les modifier selon les contraintes scéniques, elles perdent leur véracité. Un événement qui dure ne serait -ce que plus de deux heures ne pourra pas être joué dans sa totalité, il devra être amputé pour répondre aux exigences de temps. Une intrigue se déroulant dans une grande demeure ne pourra se tenir que dans deux pièces, au maximum, de cette demeure, le décor ne pouvant être assez vaste. [...]
[...] La pièce se joue non pas dans une salle de spectacle mais en extérieur ou à l'intérieur d'un autre bâtiment, plus approprié. Le spectateur est directement plongé dans l'environnement de l'action, les acteurs évoluent dans une sorte de décor grandeur nature qui les entoure de façon beaucoup plus juste qu'une réplique artificielle. Parmi les différents genres de théâtre qui reproduisent la réalité, on doit également citer le théâtre historique, qui met en scène des faits plus ou moins anciens, dans le décor et dans l'intrigue, les personnages et surtout les costumes qui doivent figurer l'époque (Richard III ou Henry IV de Shakespeare montrent ce souci de correspondance temporelle des éléments lorsqu'elles sont mises en scène), ainsi que le drame bourgeois qui s'inspire de situations de la vie courante pour dépeindre les mœurs et les caractères des contemporains de l'auteur. [...]
[...] Le théâtre à l'italienne affiche aussi cette volonté de "faire du vrai", de rendre crédible les acteurs et de leur donner à jouer un rôle non pas exceptionnel mais qu'ils auraient aussi bien pu tenir dans leur existence quotidienne, d'exposer la réalité dans toutes ses apparences. La scène, séparée du monde des spectateurs, tente de reproduire un fragment du monde extérieur. Aussi, le décor est traité comme un espace vrai. La scénographie multiplie les artifices pour créer du naturel sur scène. Jusqu'à la fin du XIXème siècle, le théâtre à l'italienne évolue vers un réalisme de plus en plus grand. [...]
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