Le théâtre est-il un lieu de divertissement, Ionesco, lieu de divertissement, dépaysement visuel, alexandrins raciniens, effets visuels, comédie-ballet, vaudeville, effets burlesques, démarche artistique, théâtre-tribune, mise en scène
Rarement un lieu n'aura été à ce point un espace polémique : pour certains, le théâtre se limite à "du pain et des jeux" tandis que pour d'autres, le théâtre est un lieu de combat, un ring où s'affrontent des boxers, comme le pense Ionesco. Il faut dire qu'en plus de 2500 ans d'histoire, le théâtre a eu le temps d'adopter des formes bien diverses et a pu faire peau neuve mille fois. Pouvons-nous croire qu'un simple lieu de divertissement ait si bien traversé les siècles et continue d'attirer des publics si différents de génération en génération ? Pour cela, montrons que le théâtre assume sa part de divertissement, tout en revendiquant son statut de tribune grave, et qu'il peut même proposer une idée originale du divertissement.
[...] Le théâtre est-il un lieu de divertissement? Rarement un lieu n'aura été à ce point un espace polémique : pour certains, le théâtre se limite à « du pain et des jeux » tandis que pour d'autres, le théâtre est un lieu de combat, un ring où s'affrontent des boxers, comme le pense Ionesco. Il faut dire qu'en plus de 2500 ans d'histoire, le théâtre a eu le temps d'adopter des formes bien diverses et a pu faire peau neuve mille fois. [...]
[...] Le théâtre est le lieu du bruit et de la fureur, où tout résonne, et toute parole peut trouver un écho vibrant, hors du commun. Les auteurs dits « engagés » se sont donc presque naturellement emparés du théâtre pour en faire un espace non seulement d'expression, mais également d'opinion et d'opinion politique qui plus est : on est donc loin d'une simple démarche artistique. Brecht a ainsi quasiment concentré toute sa production dans le genre dramatique. Anouilh avec Antigone appelle à la désobéissance face aux tyrannies, et Camus, dans Caligula montre en action, comme une démonstration par l'exemple, jusqu'où peut aller la folie d'un pouvoir démesuré. [...]
[...] De la même façon des pièces en apparence anodine (de par leur mince intrigue) et accessible (de par la simplicité de la langue française qu'elles mettent en jeu), des pièces telles que pour un oui pour un non de Nathalie Sarraute, et son épigone contemporain Art de Yasmina Reza, sont-elles des pièces qui nous divertissent ou bien nous ramènent à nos conditions et nos impasses d'êtres humains en nous privant justement de toute forme de distraction ? Dans Art par exemple, voir des personnages qui sont nos reflets, contemporains et accessibles, se débattre leurs rancœurs au point de courir à la désunion, cet effondrement-là des croyances et des valeurs peut-il être reposant pour nous spectateurs qui sommes dans la salle ? Aller au théâtre n'est jamais un acte simple : il engage nos intentions, rire, pleurer, réfléchir, nous divertir. [...]
[...] Pourtant, certaines pièces aux tonalités mixtes, aux constructions savantes, aux propos déguisés nous empêchent de procéder à ce choix préalable. Le théâtre est ce genre capable de nous prendre par surprise et de nous soumettre des pièces dont nous ne savons plus parfois si elles nous ont divertis ou pas. [...]
[...] Et même, certains sous-genres du théâtre misent intégralement sur le divertissement, donné comme but de la pièce : la farce et ses grosses ficelles comiques (le bâton de Scapin, les quiproquos fréquents chez Molière la comédie-ballet bien sûr, dont la vocation typiquement divertissante plaisait jusqu'au Roi de France, et le vaudeville à la Feydeau ou à la Labiche, où le public bourgeois va surtout se délasser le soir en voyant en miroir déformant ses propres travers et ses propres aléas conjugaux sur scène, avec force effets burlesques, comiques, et sens du rythme imparable. Être un lieu de divertissement possible ne signifie pas pour autant l'être exclusivement. [...]
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