Théâtre de l'absurde, critique de la société, Martin Esslin, crise identitaire sociétale, rapports de classe, stigmates, Nouveau Roman, Antonin Artaud, réflexion existentialiste, anti-héros
Martin Esslin écrit en 1961 un ouvrage qui donne aujourd'hui son nom à tout un mouvement, ou du moins une école théâtrale, à savoir Théâtre de l'absurde. Il s'agit de la première mention faite à ce théâtre caractérisé par l'expression d'une crise identitaire sociétale et des rapports de classe qui, dans l'après-guerre, sont exacerbés. En effet, le monde se relève à peine de la Seconde Guerre Mondiale, de ses injustices, des massacres. Après Auschwitz, écrire pose problème, et la littérature en porte les stigmates. Le Nouveau Roman tente d'exprimer cet inexprimable du monde, au même titre que le font certains dramaturges, que l'on a catégorisés dans ce « théâtre de l'absurde », qui refuse "toute représentation mimétique de la réalité, qui pourrait favoriser l'illusion d'une homophonie entre le réel et le représenté" , pour mener le spectateur vers une réflexion plus existentialiste que situationnelle
[...] Plus que par son identité, le personnage de l'absurde est aussi en pleine crise identitaire par son corps, que les dramaturges désincarnent. Le corps apparaît sur scène soit occulté, par honte et par souci de montrer son inutilité, soit déguisé. Chez Beckett, le corps apparaît comme un déchet, il pourrit littéralement dans les poubelles dans Fin de partie par exemple. Le corps et humilié, mutilé, les personnages beckettiens sont aveugles (Hamm dans Fin de partie), boiteux (Clov, dont la démarche est dite raide et vacillante ou paralysés (on pense aux culs-de-jatte, Nagg et Nell). [...]
[...] C'est cette attente qui est porteuse de sens et faire réfléchir quant à la condition humaine et à la société. Pour Bruno Rigolt, L'absence d'intrigue accentue d'ailleurs plus encore la solitude de l'homme, son abandon, sa déréliction. Le drame est là : le drame ce n'est pas d'attendre, c'est de ne pas pouvoir donner un sens à l'attente. Cela traduit en un sens l'attente pendant la guerre, l'incapacité des hommes à faire quoi que ce soit à eux seuls, sinon subir, face à ces événements sur lesquels peu ont prise. [...]
[...] Cursus Paris 1999 BECKETT Samuel, En attendant Godot, Les éditions de Minuit, Paris page 9 RANDHAWA Navjot K., Un arbre sur une scène vide : la signification du décor dans En attendant Godot traduit de l'anglais par Frédéric Moronval GIRAUDOUX Jean, L'Impromptu de Chaillot, Théâtre complet, La Pléiade, Gallimard, Paris, page 691 JOUANNY Sylvie, La Littérature du vingtième siècle, Tome 2 Le théâtre, A. Colin (coll. Cursus Paris 1999 BONNEFOY Yves, Entretiens avec Eugène Ionesco, Belfond, pages 17-18 HUBERT Marie-Claude, Le théâtre, Armand Colin, coll. Cursus, Paris page 187 PRUNIER Michel, Les théâtres de l'absurde, Armand Colin, coll. Lettres Sup, Paris page 126 IONESCO Eugène, Notes et Contre-Notes, Idées, Gallimard, Paris, page 297 BECKETT Samuel, En attendant Godot, Les éditions de Minuit, Paris page 90 IONESCO Eugène, Les Chaises, Gallimard, coll. [...]
[...] Yves Bonnefoy écrit à ce propos que ce qui est ennuyeux dans la société, c'est que la personne se confond avec la fonction, où plutôt, la personne est tentée de s'identifier totalement à la fonction ; ce n'est pas la fonction qui prend un visage, c'est un homme qui se déshumanise, qui perd son visage [ ] ; il y a là une aliénation certaine. Bonnefoy souligne ainsi ce qui est porté par nombre de pièces absurde : une critique assez vive du conformisme, de la négation identitaire et de l'individualité, de l'expression de soi et de tout avis. [...]
[...] Théâtre de l'absurde et critique de la société Martin Esslin écrit en 1961 un ouvrage qui donne aujourd'hui son nom à tout un mouvement, ou du moins une école théâtrale, à savoir Théâtre de l'absurde. Il s'agit de la première mention faite à ce théâtre caractérisé par l'expression d'une crise identitaire sociétale et des rapports de classe qui, dans l'après-guerre, sont exacerbés. En effet, le monde se relève à peine de la Seconde Guerre Mondiale, de ses injustices, des massacres. [...]
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