Intuitivement, l'irréversible dévoile l'asymétrie profonde de l'espace et du temps.
L'espace se définit comme un milieu homogène (c'est-à-dire qu'aucune des trois dimensions de l'espace ne présente de privilège par rapport aux deux autres), simultané et réversible.
Le temps apparaît comme une dimension de la réalité caractérisée par la continuité, la mesurabilité, et l'anisotropie, c'est-à-dire l'orientation (...)
[...] Or nous voudrions montrer qu'il s'agit bien là d'un temps objectif (d'ailleurs Aristote précise sa définition un peu plus loin en disant que le temps est le nombré, non le nombrant). Cette mesurabilité essentielle au temps est bien un trait objectif. Le temps est effectivement mesurable et même mesure, puisqu'il sert aussi à mesurer l'espace (que l'on songe également aux années-lumière Le temps d'Aristote semble bien être un temps à la fois objectif et réversible. Mais en réalité, les choses sont plus compliquées : on peut distinguer deux temps dans la physique d'Aristote : - un temps abstrait, vide de tout événement, qu'il ne parvient pas à définir. [...]
[...] Nous serions seulement ignorants du monde lui-même présent devant nous, et ignorants de nous-mêmes, sans désirs et sans raisons d'agir. Non pas libres, mais paralysés. - Et en même temps le désir de se réfugier dans le passé, en repoussant l'idée de ce qui va venir pour échapper au futur, règne de l'inconnu. Il ne s'agit plus d'un désir d'arrêter le flux du temps ou au contraire d'en sauter des étapes, mais de forcer, ou d'inverser l'irréversibilité du temps. Les deux désirs inverses sont aussi deux illusions qui ne font que confirmer l'irréversibilité du temps. [...]
[...] L'irréversible est ce qui me conditionne, me donne une limite et donne une matière à ma vie (puisque je vais mourir). L'irréversible n'est plus l'attribut du temps, mais la temporalité même : il est vécu comme une tragédie, un scandale. La question est alors de comprendre ce refus paradoxal du temps, cette nostalgie qui nous pousse à préférer ce qui n'est plus à ce qui sera, et de trouver le remède à l'inconsolable de l'irréversible. N'est-ce pas justement parce que le temps est irréversible, qu'il est créateur ? [...]
[...] Supposons que nous fassions tomber une bouteille en plastique que nous avions remplie d'eau. L'eau se répand sur le sol. La bouteille était pleine, la voici vide. Seulement il est ici possible, d'une certaine façon, de revenir en arrière : il suffit pour ce faire de remplir à nouveau la bouteille. On voit en quoi le processus est réversible, ce qui ne serait pas le cas avec une bouteille en verre, que sa chute aurait brisée. Dans ce second cas, il y a irréversibilité du processus. [...]
[...] Par exemple si l'on place dans un bocal deux gaz différents séparés par une glace, puis que l'on retire cette glace, alors les deux gaz se mélangent sans que l'on puisse retrouver l'ordre qui régnait avant. La thermodynamique postule ce principe pour l'univers, ce qui constitue manifestement une irréversibilité dans un temps objectif (et scientifique). Ainsi, le temps est pour la première fois lié à l'évolution irréversible d'un système et il a une flèche, qui montre le futur. Une notion semble donc liée à l'irréversibilité : celle de la flèche du temps. [...]
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