Dissertation sur le temps, proposée à l'épreuve du baccalauréat littéraire en 2006. En quoi le temps échappe t-il à la raison humaine ? Comment dès lors s'en affranchir ? Nous verrons que la volonté de s'affranchir du temps est spécifique à l'homme, en tant qu'il a conscience du temps et souhaite sauvegarder des valeurs, des moments, du flux destructeur du temps. Cependant, s'opposer à ce flux, n'est-ce pas s'opposer à ce qui permet notre réalisation, l'actualisation de nos qualités en puissance ? Enfin, nous distinguerons la volonté du désir, pour conclure qu' "échapper au temps" est un désir inhérent à l'homme.
[...] Certes, je ne peux plus agir sur ce passé, mais je peux le revivre par la pensée, coïncider avec lui grâce au souvenir. Proust mangeant une madeleine trempée dans du thé s'écrie ainsi : J'avais cessé d'être médiocre, contingent, mortel (Du côté de chez Swann). Échapper au temps ici revient à conserver les moments agréables. Mais cette volonté de retenir le passé montre avant tout une peur de la destruction par le temps; la volonté d'échapper au temps correspond d'abord à la peur de la mort. [...]
[...] Le moyen est alors la création ou le travail. Ainsi, en construisant, il s'oppose à la destruction, et avance positivement. Selon Georges Simondon, la construction de machines est ainsi un processus qui s'oppose à la mort de l'univers et à la dégradation de l'énergie Cependant, la création n'est possible que dans le temps. Il semble dès lors que vouloir s'affranchir du temps ne puisse avoir de sens dans la mesure où le temps est ce qui fait l'homme et lui permet de s'accomplir. [...]
[...] L'homme, face aux limites que lui impose le temps, a peur. La mort lui est insupportable et il cherche plus ou moins consciemment à opposer à une vie contingente (l'homme naît et meurt sans raison) l'équilibre d'un temps éternel, c'est-à-dire une sorte d'atemporalité où le temps même n'existerait plus. Ce désir est pour l'homme une nécessité, dans la mesure où sortir du temps lui permet de conférer un sens à sa vie. L'homme qui toute sa vie porte son désir sur de petits biens semble en fait désire la plénitude. [...]
[...] Rousseau nomme perfectibilité la capacité qu'a l'homme de s'améliorer et Hegel nomme Raison l'idée qu'il suppose à a source du progrès dans l'histoire. En effet, selon lui, l'histoire serait l'extériorisation de l'Esprit dans le temps le produit du Logos, de la Raison souveraine. Le temps ici montre une avancée vers l'amélioration puisque selon Hegel, l'accomplissement de la Raison est positif et que le monde réel est tel qu'il doit être Le temps serait donc l'instrument d'une édification à la fois physique et morale. Il n'y a donc ici aucun sens à la volonté d'y échapper. [...]
[...] De même, l'exercice de la contemplation fait échapper l'homme au temps pragmatique. Dans l'œuvre d'art, le temps n'est plus celui du profit Le beau est l'objet d'un jugement de goût désintéressé selon Kant) ou de la volonté de maîtrise, mais de l'acceptation : Il faut se placer en face d'un tableau comme en face d'un prince, attendre qu'il prenne la parole et qu'il vous dise ce qui lui plaira écrit ainsi Schopenhauer. Mais l'art représente également un des moyens pour l'homme de conserver ses idées et de les faire échapper à la destruction. [...]
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