Les courses effrénées pour ne pas être en retard, travaux de rénovation, lifting, regrets… L'homme a tendance à faire du temps un ennemi contre lequel il faut lutter. Cette attitude se justifie quand on pense aux effets pervers du temps, tels que le vieillissement ou les dégradations qu'il entraîne. Pourtant, à certains moments, le temps semble prendre une connotation moins péjorative : ne dit- on pas « profiter du temps qui passe », « avoir le temps » ? Dans ces conditions le temps n'a-t-il vraiment que des effets négatifs ? Ne peut-il pas dans certains cas s'avérer bénéfique ? Sans oublier la nécessaire neutralité du temps dans certains domaines qui n'autorisent pas qu'on y attache une quelconque connotation ?
[...] Le temps est donc ici une succession de faits. Le temps de la science est donc un temps neutre puisqu'en science, il ne s'agit pas de donner un jugement personnel et subjectif mais plutôt d'utiliser le temps comme le cadre d'une expérience. La neutralité est donc de mise, même quand l'étude scientifique porte sur ce temps lui-même. Le temps prend diverses acceptions selon les domaines d'études, et à l'intérieur même d'un même domaine. En sociologie, le temps du passage de l'état de nature à l'état de société est vu comme positif, en médecine, l'action du temps sur le corps est vue comme négative, et en chimie le temps de la combustion de l'O2 qui devient du CO2 est totalement neutre. [...]
[...] L'expérience n'est en effet possible que dans le temps, avec la prise de conscience des erreurs passées par exemple. C'est donc un temps qui rend sage, expérimenté, même si l'on ne peut pas ici parler de connaissance véritable. Le temps permet en effet une connaissance essentiellement empirique, celle que détient le vieillard qui sait, même s'il ne comprend pas les causes. Cette expérience acquise dans le temps permet de changer la façon de vivre : l'intempérance pour la raison, la violence pour le dialogue. [...]
[...] Pour Kant, le temps est un guide, il est condition de réalisation de l'éducation. Et en effet, une bonne éducation nécessite du temps. L'éducation dépouille l'homme en devenir de ses instincts nuisibles à la vie en société (violence Elle développe chez lui l'obéissance aux lois : dès le plus jeune, un apprentissage ludique, sous tutelle de règles du jeu, est à l'image de l'apprentissage de la vie en société avec ses lois et ses contraintes. Après ce temps d'éducation vient l'instruction, pendant laquelle on inculque à l'homme les règles de vie commune. [...]
[...] Le temps n'est pas essentiellement négatif ; mais il est négatif, positif ou neutre selon les sujets qui s'y rapportent. [...]
[...] Pourtant dans certains domaines, le temps doit nécessairement rester neutre. C'est une sorte de toile de fond qui permet l'évolution des objets et des individus. Pour Kant le temps est condition de possibilité de l'existence de l'objet et du sujet. C'est dans le temps que je me saisis comme identique à moi-même, et différent ou distant de l'objet empirique. Il n'y a là aucune subjectivité, seulement un constat de l'utilité du temps, de sa fonction. C'est le temps de ce qui est, mais aussi de ce qui va changer. [...]
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