L'ère qui s'ouvre devant nous, inspire un sentiment mêlé de puissance et d'incertitude. Si, jusqu'au début du 20ème, on pouvait croire que le développement du savoir et des techniques conduisait au progrès général de l'humanité, tel n'est plus le cas aujourd'hui. On peut craindre, par exemple, que les dommages causés à l'environnement, ou les conséquences d'interventions éventuelles sur le génome humain, mettent en péril non seulement l'humanité d'aujourd'hui dans son ensemble, mais aussi celle de demain. Les conséquences de certaines applications techniques de la science sont en effet planétaires et ont une portée à long terme sur les générations à venir, comme c'est le cas pour les manipulations génétiques. C'est que, depuis 1900, découvertes et inventions se succèdent à une allure impressionnante, et donnent naissance à un progrès matériel sans cesse amélioré. Le mythe de l'apprenti-sorcier revêt alors une actualité terrible : par exemple, par la fission de l'atome, l'homme assure son pouvoir sur la structure de la matière mais risque du même coup de provoquer sa propre disparition. Il apparaît ainsi indéniable que la technique peut transformer la nature, l'environnement ou influer sur la vie même de l'homme, mais la technique a-t-elle la faculté de bouleverser l'homme dans son essence, dans les différents aspects qui le composent ? (...)
[...] La technique moderne est, pour une part, le moyen de cette adaptation. Sans technique, l'homme n'est rien, c'est pour cela que le développement technique, loin de transformer l'homme, fait avant tout partie de son essence, de son humanité dans la mesure où l'on peut dire que l'homme détient la paternité de celle-ci, puisqu'elle est apparue simultanément à l'apparition de celui-ci. Cela étant, s'il apparaît qu'effectivement le développement technique fait partie de l'homme, il faut malgré tout reconsidérer le fait que le développement technique n'a de cesse de transformer notre nature initiale, et de rendre autre ce qui nous constitue. [...]
[...] S'il est vrai que l'homme se définit avant tout par son intelligence technique qui semble constitutive de son essence, force est de constater que la technique est malgré tout la cause de bon nombre de métamorphoses de l'être humain dans son essence ou dans son corps. Ainsi, il apparaît que le développement de la technique a donné naissance à deux monstres : le surhomme et l'inhumain. Ces deux profils d'homme s'inscrivent avant tout dans une perspective critique de la technique. Or, il serait réducteur de tenir un discours pessimiste sur la technique. [...]
[...] L'inhumain, enfin, est celui qui, par l'utilisation de la technique, dégrade l'humanité, la méprise. Ainsi, l'étude des thèses de Günther Anders dans son œuvre L'obsolescence de l'homme est particulièrement éclairante pour déterminer le rôle prépondérant du développement technique dans la transformation de l'homme en un être inhumain. Anders pose ainsi l'idée d'une honte prométhéenne : Anders s'intéresse en effet à un renversement inédit du rapport homme-technique auquel il donne le nom de honte prométhéenne Au regard des perfectionnements techniques et par conséquent de ce dont sont capables dorénavant les machines que nous fabriquons, l'homme est devenu une antiquité : il est lui-même obsolète. [...]
[...] La technique peut –elle transformer l'homme ? L'ère qui s'ouvre devant nous, inspire un sentiment mêlé de puissance et d'incertitude. Si, jusqu'au début du 20ème, on pouvait croire que le développement du savoir et des techniques conduisait au progrès général de l'humanité, tel n'est plus le cas aujourd'hui. On peut craindre, par exemple, que les dommages causés à l'environnement, ou les conséquences d'interventions éventuelles sur le génome humain, mettent en péril non seulement l'humanité d'aujourd'hui dans son ensemble, mais aussi celle de demain. [...]
[...] Le terme de technique vient du grec ancien technè. Il désigne tout ce qui doit son existence à l'intervention et à l'invention humaines, par opposition aux êtres naturels qui naissent, croissent et meurent par eux- mêmes. La technique désigne un savoir-faire développé par l'entraînement, l'apprentissage et la pratique. Pensée en terme d'outil, la technique est un moyen qui permet de réaliser une fin, elle est un moyen d'action qui me permet de parvenir à une fin souhaitée, par conséquent la responsabilité en revient ultimement à celui qui invente et qui utilise la technique : l'homme lui-même. [...]
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