Dissertation sur le thème de la technique : pourquoi n'est-elle qu'un moyen pour l'homme ? Peut-elle être un but ? Qu'est-ce que la technique ? Qu'est-ce qu'un moyen ? Qu'est-ce qu'un but ? Cette question n'est pas posée innocemment (voir Martin HEIDEGGER, cité dans cette dissertation entièrement rédigée).
[...] Nous allons d'abord voir en quel sens, la technique est un moyen. En 1954, Martin HEIDEGGER, dans Essais et conférence, dit que la représentation courante de la technique, suivant laquelle elle est un moyen et une activité humaine, est la conception instrumentale et anthropologique de la technique. Il demeure exact que la technique moderne soit, elle aussi, un moyen pour des fins On veut, comme on dit prendre en main la technique et l'orienter à des fins spirituelles On veut s'en rendre maître. [...]
[...] Cependant, progrès technique et progrès moral ne sont pas forcément liés. On peut affirmer que la technique a une valeur propre, une finalité propre. Telle est la position de Martin HEIDEGGER, qui ne voit pas dans la technique un instrument mais, une façon de se tenir par rapport à l'être, un mode de dévoilement de l'être. Or, le dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrer (son) énergie (La question technique, dans Essais et conférence). [...]
[...] La technique n'est-elle pour l'homme qu'un moyen ? Martin HEIDEGGER, en évoquant La question de la technique (1953) dans Essais et Conférences, dit que : Quand nous considérons la technique comme quelque chose de neutre, c'est alors que nous lui sommes livrés de la pire façon : car cette conception, qui jouit aujourd'hui d'une faveur toute particulière, nous rend complètement aveugles en face de l'essence de la technique La technique est classiquement définie par la philosophie comme l'art des médiations et donc en ce sens un moyen de moyens. [...]
[...] Sitôt qu'elle cesse de servir l'homme pour se retourner contre lui, ne cesse-t-elle pas d'être un moyen ? La technique, selon Jacques ELLUL, constitue un système, c'est-à-dire un ensemble d'éléments en relation les uns avec les autres de façon telle que toute évolution de l'un provoque une évolution de l'ensemble et que toute modification de l'ensemble se répercute sur chaque élément. Le premier caractère du système technicien est l'autonomie. Cela veut dire que la technique ne dépend finalement que d'elle-même, qu'elle trace son propre chemin, qu'elle est un facteur premier. [...]
[...] ou l'essence de la technique est-elle d'atteindre son but sans se soucier des moyens ? Pour que la technique cesse d'être un moyen, il ne suffirait pas que l'homme perde la maîtrise concrète de ce moyen. Ce n'est pas la maîtrise qui fait le moyen. La maîtrise du fleuve, par exemple, n'en fait pas un objet technique ; la maîtrise du fleuve présuppose plutôt la technique. Pour que la technique cesse d'être un moyen, il faudrait qu'elle devienne pour l'homme une finalité. La technique peut-elle devenir une fin en soi ? [...]
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