On oppose le plus couramment et ceci de façon quasi-instantanée, le naturel à l'artificiel en n'en faisant uniquement des contraires. Cette opposition recouvre en fait un jugement de valeur, c'est-à-dire que le naturel serait l'authentique, la pureté, voire la franchise, alors que l'artificiel serait plutôt la tromperie, sinon l'impureté et le mensonge, voire le faux. Dans la catégorie mensongère, certains rangent même la technique, perçue comme très destructrice, antinaturelle, donc en quelque sorte porteuse de catastrophes et y voient un mal à combattre. La technique nous éloignerait ainsi de la nature et même de notre propre nature ce qui peut constituer un danger conscient et bien réel (...)
[...] On peut alors se demander si la technique ne fait que compléter la nature. III] La technique comme une deuxième nature En effet, la technique possède un caractère essentiel que l'on oublie souvent, c'est qu'elle est depuis toujours systématique. Cela signifie que les objets techniques sont liés entre eux et que les différents arts se présupposent mutuellement ; par exemple, s'il faut des outils pour fabriquer des objets, il faut également d'autres outils ou des machines pour fabriquer ces outils. [...]
[...] Conclusion Au terme de cette réflexion dûment menée, il apparait clairement que la technique nous détourne du naturel. Mais cette proposition doit bien être comprise car elle ne nous éloigne pas de la nature malgré nous, de telle sorte que cet éloignement serait quelque chose de regrettable et contre quoi il faudrait lutter. Bien au contraire, si l'homme n'est pas un simple animal, autrement dit si l'homme est vraiment homme, ce ne peut-être qu'en se différenciant de la nature et en s'opposant à elle. [...]
[...] En transformant la nature, l'homme se transforme lui-même, et en s'éloignant de la nature, il s'en libère pour devenir véritablement humain. Ainsi, en produisant ses propres moyens d'existence, il créé son propre monde et en fait une nature qui lui est propre, si bien qu'il n'est pas exagéré de dire que paradoxalement, la nature de l'homme, c'est simplement l'artifice. L'authentique, pour l'homme, n'est donc pas le naturel mais bel et bien l'artificiel. [...]
[...] Comme l'évoque l'antique philosophe Aristote au début de son Livre II de sa Physique, parmi les êtres, les uns existent par nature, les autres en vertu d'autres causes Ce qui distingue en effet un objet naturel d'un produit de la technique, c'est que le premier a en lui son principe de changement, tandis que l'autre ne change que sous l'effet d'une action technique : un arbre par exemple ne pousse que de lui-même alors que un meuble ne se transforme que par l'usage ou bien par l'action du menuisier, de même que la vache a une croissance naturelle par l'alimentation des herbes qu'elle ingurgite alors que la viande hachée est le résultat de la découpe du boucher. Cette distinction est pour nous évidente et immédiate et est à l'origine de l'exactitude des deux concepts. [...]
[...] Les processus naturels et les processus techniques sont donc orientés vers une fin, et c'est pourquoi on peut affirmer comme Aristote (Physique VIII) qu'ils sont fondamentalement identiques car en ce sens très précis, l'art imite la nature En effet, si l'on dirige notre réflexion vers la pensée que le monde suit une logique basée sur les gènes, on en déduit que tout est préalablement enregistré de manière automatique. C'est pourquoi la technique parait alors achever la nature : elle ne va pas à l'encontre des lois naturelles, elle les utilise pour accomplir ce que la nature n'accomplit pas spontanément. Par exemple, le levier comme dispositif technique permet, à l'aide d'une petite force, de soulever de lourdes masses, ce que la nature ne fait pas d'elle-même. [...]
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