Qu'il s'agisse des statistiques annuelles du gaspillage des ménages, de l'événement social que constituent les soldes ou des budgets colossaux consacrés par les marques à la publicité, de très nombreuses pratiques de notre société montrent que la consommation constitue un pillier central de nos économies et un fait social fortement structurant de nos collectivités. Or cette très forte consommation n'est pas sans effets sur la société : environnement, santé publique et conditions de travail sont très affectés par ces comportements de masse. Compte tenu de ces effets négatifs, comment devrions-nous combattre la surconsommation ?
[...] En effet, notre consommation n'est permise que parce que notre pouvoir d'achat le permet. Or certains produits ne sont pas des produits de première nécessité : ils constituent des importations qui répondent à un mode de vie sans lien avec les principaux besoins de consommateurs. C'est par l'exemple l'objet de la tarification progressive de l'eau : les premiers mètres cubes ne coûtent pas cher car ils répondent à des besoins primaires (se laver, boire, etc.), mais les suivants doivent ^être plus coûteux car ils remplissent d'autres usages (remplir une piscine, laver ses voitures, etc.). [...]
[...] Compte tenu de ces effets négatifs, comment devrions-nous combattre la surconsommation ? I. Combattre la surconsommation par la sensibilisation des consommateurs La surconsommation, si elle constitue un fait collectif de nos sociétés développées, n'en reste pas moins constituées de comportements individuels sur lesquels nous pouvons agir. En effet, les consommateurs ont également d'autres rôles et identités au sein de la société, comme par exemple celle de citoyen. A cet égard, la surconsommation peut être combattue en faisant appel à la dimension citoyenne de chacun. [...]
[...] La surconsommation est un problème d'éducation et de projet de société. Dans les faits, voter de nouvelles taxes affectera en premier les plus défavorisés, car les catégories sociales les plus aisées pourront continuer de consommer sans se soucier du renchérissement du coût. Par conséquent, cette politique fiscale risquerait de s'évérer injuste socialement. Sur le long terme, donc, il est sans doute plus efficace d'agir au niveau de l'éducation, car cela permet de ne pas mettre en place de politique contraignante et punitive, mais de faire le pari de la modification à long terme de nos comportements. [...]
[...] En tant que consommateur, je n'ai pas l'impression de mettre en péril l'environnement en encourageant la pêche en eaux profondes. Pourtant, si l'on me démontre que ce comportement - multiplié par le nombre d'habitants d'un pays à fort pouvoir d'achat - constitue en réalité une menace pour l'équilibre global de nos modes de vie, je peux être amené à reconsidérer des choix qui me paraissaient a priori sans conséquences. Cette sensibilisation gagnerait à être mise en place dès le plus jeune âge en se servant de l'école comme outil de transmission. [...]
[...] Ainsi, la surconsommation peut être combattue via des outils fiscaux afin de modifier sur le court terme les comportements et les rendre plus vertueux. Toutefois, cette façon de faire ne permet pas de changer la nature de nos aspirations, et l'on prend donc le risque de voir cette politique échouer rapidement. C'est la raison pour laquelle l'éducation constitue un niveau plus pertinent d'action, bien qu'il faille accepter que ce changement s'inscrive sur le long terme. De ce point de vue, questionner la raison d'être de la surconsommation revient à questionner notre identité collectivité, et notre projet de société : quels sont les mécanismes que nous voulons mettre en place pour proposer une société inclusive pour tous et toutes, indépendamment de notre capacité à acquérir des biens ? [...]
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