Sujet humain, objet, réflexion, connaissance de soi, dédoublement du sujet, René Descartes, moralité, conscience réflexive, cogito, susceptibilité, subjectivité, opinions, introspection, Méditations métaphysiques, objectivité, rationalité
En 2004, un groupe international de scientifiques parvient à publier pour la première fois l'ensemble de la séquence du génome humain : autrement dit ils sont parvenus à décoder l'intégralité des informations génétiques contenues dans l'ADN d'un homme. Cet évènement montre l'ambition de la science, et en particulier de la biologie : avoir une connaissance complète et totale de l'être humain. Mais le sujet humain peut-il être connu comme n'importe quel autre objet ? Par sujet humain, on veut dire la personne, qui est certes un corps biologique, mais qui a aussi une personnalité et qui est capable de réfléchir.
[...] À ce titre, non seulement il peut, mais en plus il doit être connu comme un objet. On peut même aller plus loin et dire que l'homme est la chose la plus importante qui doit être connue puisqu'il s'agit de nous connaître nous-mêmes, de connaître nos proches, les membres de la société. C'est en ce premier sens littéral que l'on peut interpréter l'oracle de Delphes Connais-toi toi-même : il faut apprendre à connaître le genre humain. Le connaître permet de mieux le comprendre, d'en corriger les défauts. [...]
[...] L'homme est ainsi considéré comme un sujet qui fait l'objet d'une étude philosophique. La philosophie va chercher à comprendre ce qui fait que cet individu est un sujet humain. Aristote, dans la Métaphysique, propose le critère de l'animal rationnel : sont hommes les animaux capables de réfléchir et d'exprimer leur réflexion par le langage. Aristote parvient ainsi à une connaissance du sujet humain au sens où il connaît ses caractéristiques universelles, c'est-à-dire celles qui sont partagées par tous les êtres humains. [...]
[...] L'hypothèse d'un malin génie qui nous trompe implique que toutes nos vérités scientifiques ne valent rien, puisque l'on n'est pas certain que le monde sur lequel elles sont censées s'appliquer existe vraiment. En revanche, le cogito, lui, est une connaissance absolument certaine. Le sujet peut donc se connaître en tant qu'objet, la conscience réflexive qui prend pour objet la conscience elle-même en tant que conscience d'objet. Il ne s'agit pas de deux consciences différentes, mais bien de deux niveaux de conscience : en prenant conscience de lui-même, le sujet fait une introspection. [...]
[...] Alors on peut dire que connaître le sujet humain comme on connaîtrait n'importe quel objet (par exemple un carré, un caillou, une plante . ) nous donne une connaissance très générale de ce qu'est l'objet. En réalité, cela ne nous permet que de différencier les individus entre eux en indiquant que celui-ci fait partie de telle espèce et celui-là de telle autre. Or, quand on veut connaître quelque chose, ne veut-on pas connaître ce qu'il est lui en particulier ? Ainsi le sujet humain serait plus qu'un animal rationnel. [...]
[...] En définitive, on peut dire que la connaissance du sujet humain comme un objet est objective, mais très limitée si elle est pratiquée par un individu extérieur ; elle est exhaustive, mais subjective si on veut se connaître soi-même en se fondant sur son propre vécu, sur sa propre expérience. À la question Le sujet humain peut-il être connu comme un objet ? , on peut répondre que oui, cela est possible, à condition que le sujet humain se prenne pour son propre objet et qu'il prenne en même temps du recul par rapport à son propre vécu. S'il analyse son expérience avec de la distance et un regard critique, alors il pourra atteindre une connaissance objective de lui-même et en particulier de ses idées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture