inconscient, point de vue juridique, indépendance, influences, déterminations
Etre responsable de ce que je suis, c'est répondre de mon être, c'est-à-dire de mon caractère, de mes capacités, ou de ma conduite. Il est pourtant facile et tentant, pour peu que je me trouve dans une situation où l'on me reproche précisément d'être ce que je suis, de faire valoir que ma responsabilité est en réalité bien limités : ne suis-je pas d'abord le produit d'un certain milieu, d'une éducation, d'habitudes sociales, ou, d'un point de vue complémentaire, ne suis-je pas influencé pas mon inconscient ?
[...] Comment, dès lors, pourrais-je me sentir responsable de ce que je suis, si ce que je suis dépend, non seulement de facteurs externes de détermination, mais aussi des pulsions que je méconnais, alors qu'elles m'influencent ? Il faut toutefois noter que, pour Freud lui-même, l'activité de l'inconscient n'est pas un obstacle à la responsabilité du moi : sa formule selon laquelle là où c'est le ça, le je doit advenir indique qu'il appartient précisément au sujet, sinon de connaître ses propres pulsions (ce qui lui serait impossible sans l'aide d'un psychanalyste), du moins de les contrer par des conduites maîtrisées qui tiennent compte des normes sociales. [...]
[...] La responsabilité ne peut se manifester que dans l'être où s'affirment une pensée, et une pensée telle qu'elle s'affirme comme non soumise directement aux pensées ou aux actions des autres, comme jouissant d'une véritable indépendance dans son déroulement et ses décisions éventuelles. Cependant, ce que je suis ne résulte-t-il pas de nombreuses influences ? Car en effet, plus fort que l'hérédité il y a l'héritage culturel. La biologie enseigne que certaines lois déterminent la couleur des yeux ou celle des cheveux dans une famille. [...]
[...] Il va de soi que cette dernière ne saurait concerner l'objet. Ce que je suis n'est pas réductible au caractère empirique Lorsque Kant distingue dans l'être humain, deux caractères c'est pour rassemble d'un côté (dans le caractère empirique l'ensemble des déterminations que l'on peut repérer dans la conduite, ce qui inclut à l'avance, en quelque sorte, tous les enseignements des sciences humaines. Il est de ce point de vue incontestable que ce que je suis résulte dans une certaine mesure seulement, des milieux qui m'ont formé et de mes désirs inconscients. [...]
[...] Pour conclure, ce que je suis n'a rien de définitif. Si je suis malhonnête, je peux choisir de me transformer et de devenir honnête : ce serait sans doute la meilleure façon d'affirmer ma responsabilité sur ce que je suis Mais, sans même envisager de telles conversions, ce que je suis doit être conçu comme résultant de ma volonté et de mes décisions : il est sans doute illusoire de nier les influences, mais il reste une différence entre les accepter passivement, ce qui risque de me transformer en objet déterminé, et les intérioriser en toute conscience. [...]
[...] Or, la capacité législatrice relève précisément d'une liberté radicale qui, bien que non démontrable puisque métaphysique, peut au moins être devinée ou postulée comme raison d'être de l'autonomie de la volonté. Envisagé sous cet angle, ce que je suis est sans doute vu d'un point de vue moral, mais n'est-ce pas précisément ce à quoi se demander si si je suis responsable de ce que je suis invite ? La responsabilité de ce que je suis peut être également lourde. Dès lors que ce que je suis inclut ma prétention à être humain, son affirmation suppose ma liberté, et donc ma responsabilité. [...]
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