Dissertation de philosophie, prisonnier, jugement qu'autrui, Heidegger, XXe siècle, philosophe, Sartre, Huis Clos, Heggel
Qui n'a jamais rêvé de pénétrer ne serait-ce qu'un instant la pensée d'autrui pour entrevoir l'opinion qu'il a de nous ? En effet, le jugement de l'autre nous apparaît souvent comme étant essentiel. Mais le jugement qu'autrui a de nous ne fait-il pas de nous des prisonniers ? Pour tenter d'aborder ce sujet, on peut se demander de quelle manière la façon dont nous perçoivent les autres peut nous enfermer ou nous rendre, d'une manière certaine, esclaves. Existe-t-il un moyen de remédier à cette condition de soumission avilissante ? Enfin, en quoi pouvons-nous pourtant affirmer que le jugement des autres est salutaire ?
[...] Le philosophe y voit la perte d'identité de chacun de nous. En effet, par ce souci constant d'être conforme à la règle, chacun perd ce qu'il a d'unique pour se fondre dans une masse dénuée de toute singularité. En imposant ce système de clichés, on nie l'altérité des consciences et des individus. C'est le cas des phénomènes de mode, par exemple, auxquels chacun adhère dans l'espoir qu'ainsi il ne sera pas dénigré, puisque semblable à la majorité. Il évite de cette manière le problème du qu'en-dira-t-on ? [...]
[...] Toujours est-il que le point de vue des autres nous est essentiel : sans lui, nous serions en proie à un mal de vivre considérable. Enfin, la dimension paradoxale de ce jugement est bien démontrée, puisqu'il nous est aussi profitable, dans la mesure où l'impact qu'il a sur nous peut nous en apprendre sur nous-mêmes, nous donner confiance ou enfin, parce qu'il a le pouvoir non négligeable de faire de nous des êtres meilleurs. Une seule certitude demeure : l'individu ne sera jamais indifférent à l'idée que l'on se fait de lui. [...]
[...] Au-delà de cette idée, la puissance et le pouvoir du jugement d'autrui sont si conséquents dans leur influence qu'ils peuvent nous transformer. Non seulement l'idée que les autres se font de nous nous fait nous transcender, nous découvrir, mais en plus elle nous construit et modifie. Mieux encore, elle détient la force de faire de nous un être nouveau. Selon Alain, si l'autre croit en nous, nous croyons également en nous, nous prenons confiance en ce que nous sommes. L'autre a la faculté de nous donner de l'assurance, voire des qualités que nous n'avions pas. [...]
[...] Ainsi, est-ce l'opinion commune, celle du grand nombre, que nous devons suivre, dont nous devons avoir peur ? Ou bien est-ce celle de l'expert, s'il en existe un qui soit digne de porter un jugement, en face duquel, plutôt que face à la doxa, il nous faut avoir et honte, et peur ? Pour se libérer du malaise que nous éprouvons lorsque l'on est jugé, et afin de s'affranchir du joug d'autrui, un tri s'impose. En ne tenant compte que des avis que nous jugeons fondés, nous pouvons choisir de plus être prisonniers du regard du plus grand nombre. [...]
[...] Or, nous ne pouvons que très difficilement nous juger d'un point de vue externe : tel l'a dit un jour Auguste Comte, on ne peut pas se voir passer dans la rue du haut de son balcon ! Ainsi, nous avons bel et bien besoin du jugement d'autrui, bien que faillible, pour nous estimer, nous considérer. Il est le seul point de vue externe à notre portée. Rousseau, lorsqu'il déclare à propos de notre empathie face à la douleur de l'autre : ce n'est pas dans nous, c'est dans lui que nous souffrons y fait clairement allusion. [...]
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