De toute évidence, nous ne sommes pas les mieux placés pour savoir qui nous sommes, car nous attendons toujours des autres qu'ils nous conseillent et nous évitent de commettre de graves erreurs. Il semble que nous ne sommes pas assez conscients de nos qualités et de nos défauts, passant sans logique de la confiance en soi la plus prétentieuse à un abattement profond. Au moment de nous déterminer dans une voie professionnelle, nous doutons souvent de nos capacités et nous nous demandons si nous faisons le bon choix. Lorsque nous nous présentons à un entretien d'ébauche et qu'on nous pose la question : « qui êtes-vous ? », nous sommes pris de court, mal à l'aise, et nous préférerions que ce soit le recruteur qui nous brosse un rapide portrait « objectif » : « je vous trouve dynamique, vous êtes parfait pour ce poste », « je pense que vous n'avez pas assez d'expérience, et je suis bien placé pour vous le dire ! ». La société attend que nous ayons une parfaite connaissance de nous-mêmes et qu'en fonction de cette connaissance, nous entreprenions de jouer un rôle qui convient à notre tempérament. C'est elle qui nous dit que nous sommes les mieux placés pour savoir qui nous sommes, mais personne ne se connaît parfaitement.
Cela dit, le fait de nous considérer comme les mieux placés pour savoir qui nous sommes est tout à fait légitime : si je ne suis pas le mieux placé pour connaître le fond de mes pensées, la nature de mes désirs et l'intensité de mes sentiments, cela signifie que je n'existe qu'en fonction du jugement des autres, que je n'ai aucune personnalité, que j'accepte des rôles décidés par d'autres. Lorsque la cantatrice alexandra David-Néel décida de parcourir l'Asie à pied au début du XXème siècle, son entourage lui rappelle quelques « vérités » sur elle : d'abord qu'elle était une femme, et qu'une femme est top fragile pour arpenter l'Himalya. Ensuite qu'elle était mariée, et qu'une bonne épouse partage tout avec l'homme de sa vie et fait son possible pour avoir des enfants. Enfin, qu'elle était une grande artiste et que si elle exposait ses cordes vocales aux grands froids, elle ne pourrait plus jamais chanter à son retour (si toutefois elle revenait !). Pourtant, Alexandra tient bon, elle répondit qu'elle était la mieux placée pour savoir qu'elle serait la première femme à vivre cette aventure et qu'elle en reviendrait enrichie humainement. Elle fut la première occidentale à parvenir au Tibet (1924) et à essayer de comprendre la culture locale.
Les autres ne peuvent jamais savoir qui je suis réellement, c'est bien à moi qu'incombe la responsabilité de savoir qui je suis.
Alors, suis-je le mieux placé pour savoir qui je suis ? (...)
[...] Il croit savoir qui il est : son seul prénom suffit à délier les langues ! Il a tant d'aptitudes qu'il ne doute pas un instant devenir LE stratège le plus prestigieux de toute l'histoire d'Athènes. Socrate se moque gentiment de son amour propre, et lui dit connais-toi toi-même (formule qui n'a aucun sens psychologique) : s'il se destine à la politique, Alcibiade doit se pose la question de la véritable fonction de l'homme politique. Qu'est ce que tout homme politique doit faire pour être compétent, qu'il s'appelle ou non Alcibiade, qu'il soit beau ou non, pupille de Périclès ou non, intelligent ou non. [...]
[...] C'est elle qui nous dit que nous sommes les mieux placés pour savoir qui nous sommes, mais personne ne se connaît parfaitement. Cela dit, le fait de nous considérer comme les mieux placés pour savoir qui nous sommes est tout à fait légitime : si je ne suis pas le mieux placé pour connaître le fond de mes pensées, la nature de mes désirs et l'intensité de mes sentiments, cela signifie que je n'existe qu'en fonction du jugement des autres, que je n'ai aucune personnalité, que j'accepte des rôles décidés par d'autres. [...]
[...] Correction de la suite de la dissertation Première partie : Comment savoir au juste qui je suis en quoi pourrait bien consister la connaissance de soi si elle est possible ? Se connaître c'est pouvoir faire son portrait objectivement (sans se dévaloriser ou se surestimer), c'est être capable de faire la liste de ses qualités et de ses défauts, de ses goûts et de ses compétences, de ses limites et de ses désirs. Quand je suis capable de faire un tel portrait, je suis en pleine possession de mon identité l'ensemble des caractéristiques qui font que je suis moi et non pas un autre. [...]
[...] Il ne faut évidemment pas sous-estimer les difficultés qu'il y a à éviter les déterminations sociales et psychiques, mais on peut quand même essayer de faire un effort pour progresser dans le bon sens. [...]
[...] Nous pouvons passer toute notre vie à cacher nos états d'âme, et si un jour nous avons le courage de tomber le masque et de réaliser un désir qui nous est cher, les autres, qui croyaient si bien nous connaître, tombent lors de haut, ils prétendent que nous sommes devenus fous, alors qu'ils ne savaient en fait absolument rien de ce qui pouvait nous toucher. C'est donc bien moi qui suis le mieux placé pour savoir qui je sui, puisque je sui la seule personne capable de faire la différence entre les moments où je me cache et ceux où je m'expose. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture