Sous les traits de Sosie. Mercure jette le trouble dans l'esprit du valet d'Amphitryon. Sosie ne sait plus qui il est. Il croyait être Sosie, mais le dieu sait de lui ce qu'il est seul à connaître. Mercure est Sosie, mais qui est alors Sosie ?
Qui mieux que Molière a remis en question la certitude que nous avons de notre identité ? Cela n'est plus qu'un objet de croyance. Comment en effet prouver notre identité ? Ne serait-ce pas comme le prétend Nietszche une trop naïve croyance en la grammaire ?
Soyons plus prudents que Descartes qui est resté pris au piège des mots. Cogito, à vrai dire, n'est qu'un seul mot, mais le sens en est complexe. Dans ce célèbre Cogito, il y a : 1) quelque chose pense ; 2) je crois que c'est moi qui pense ; 3) mais en admettant même que ce deuxième point soit incertain, étant matière de croyance, le premier point : quelque chose pense contient également une croyance, celle que « penser » soit une activité à laquelle il faille imaginer un sujet, ne fût-ce que « quelque chose » et « l'Ergo sum » ne signifie rien de plus. Mais c'est là croyance en la grammaire, on suppose des « choses » et leurs « activités ». et nous voilà bien loin de la certitude immédiate. Nietzsche, La volonté de puissance
Et les cas ne sont pas rares où nous constatons nous être trompés sur nous-mêmes alors même que nous croyions à ce qui se révèle faux. Il n'est pas cependant besoin des coups du sort qui frappent le héros tragique, confrontés à des situations inédites, nous nous apercevons que nous sommes capables de faire ce que nous ne nous croyions théoriquement pas capables de réaliser. La vie humaine est pleine de surprises imprévues ou imprévisibles.
Et notre étonnement est tel qu'il est presque capable de nous faire nous poser la question radicale : Suis-je vraiment ce que je crois être ? (...)
[...] Ce serait une sorte de miroir passif. Chez un esprit actif les idées qui se présentent excitent une action intérieure de l'esprit pour chercher à s'emparer d'elles, à se reconnaître lui-même en elles, c'est-à-dire à reconnaître dans les idées, dans leurs rapports, les caractères du vrai tels qu'il les sait par avance . L'évidence d'une vérité n'est pas un caractère qui appartiendrait à cette vérité en elle-même, considérée à part de l'esprit. C'est pourquoi la même idée ne parait pas évidente aux divers esprits. [...]
[...] "Un hippogriffe est un animal fabuleux moitié cheval moitié griffon" mais personne n'a jamais vu un tel animal sauf en rêve, dans la mythologie ou à Poudlard, "L'homme est un animal raisonnable" même si jamais personne n'a été parfaitement raisonnable, l'homme a pour caractéristique essentielle d'être capable de raison. Ainsi peut-on donner l'essence d'une chose qui n'existe pas comme de celle d'un être qui existe. Ici dans le sujet: Suis-je ce que je crois être? le verbe être est employé pour lier le sujet je à la détermination: ce que je suis. La proposition interrogative est attributive, on s'interroge alors sur ce qu'est le sujet, celui qui dit je. [...]
[...] but, terme pris de la langue militaire (point visé par une attaque) et substantivé, désignant la visée d'un résultat précis et positif. Subjectif (lat. subjectivus, qui se rapporte au sujet, subjectum) Sens général. Qui se rapporte au sujet en tant qu'esprit qui connaît Psy. qui appartient au sujet en tant qu'être conscient; ex. l'émotion est un phénomène subjectif; qui concerne le sujet pensant et relève de l'expérience interne, syn, mental, opp. objectif; ex. la psychologie subjective qui procède par introspection, c'est-à-dire qui porte sur les données de la conscience comme telle Vulg. [...]
[...] L'organe observé et l'organe observateur étant dans ce cas identiques, comment l'observation pourrait-elle avoir lieu ? Auguste COMTE. Cours de philosophie positive Première leçon, Paragraphe 52. Auguste Comte nous avertit, les conditions mêmes de la connaissance de soi la rendent imposible. C'est précisément parce que l'objet et le sujet ne font qu'un que l'observation est compromise lorsque la réflexion est contredite par une passion trop violente, objet de l'observation. Que serait un amour réfléchi, si ce n'est rien moins qu'insincère? [...]
[...] Et notre étonnement est tel qu'il est presque capable de nous faire nous poser la question radicale: Suis-je vraiment ce que je crois être? Molière parle d'imposture; pauvre Sosie, sa surprise est la nôtre, peut-il seulement se tromper à ce point sur lui-même qu'il paraît dans cette expérience limite si étranger à lui-même? Son imposture n'était qu'une fausse croyance bien mal assurée et cependant si naturelle. Faut-il douter de ce que nous croyons être? Mais alors sur quoi pouvons nous nous appuyer de plus évident que cette croyance qui ne résiste guère? [...]
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