liberté, passion, nature humaine, Sartre, Spinoza, Saint Thomas d'Aquin, conscience, libre arbitre, raison, connaissance de soi
Si l'Homme agit poussé par ses passions, alors il semblerait qu'il doive s'employer à découvrir ces passions, afin d'être libre de s'y soumettre ou non. Mais est-ce seulement possible ?
Car il semble à première vue difficile de connaître ce qui fait que nous nous disons libres. Par ailleurs, connaître les limites de sa liberté peut ne pas suffire à être véritablement libre.
Autrement dit, suffit-il de prendre conscience de ce qui nous détermine pour nous en libérer ?
Pour répondre à cette question, nous nous demanderons dans quelle mesure le libre arbitre peut aider l'homme à décider de sa liberté, c'est-à-dire à l'instituer lui-même.
[...] En d'autres termes, notre liberté est ce que nous en avons fait : rien d'étranger n'a décidé de ce que nous ressentons (L'être et le néant, Sartre, 1943). Dans cette conception, il ne peut être question d'insatisfaction puisque nous sommes censés être intégralement responsable de la situation qui est la nôtre. Par conséquent, les explications que nous fournissons à nos échecs, nos déceptions ou nos renoncements sont autant de fausses excuses pour expliquer des déterminismes que nous avons inventés. De ce fait, l'Homme peut être plus libre s'il admet ce postulat que son existence est constituée de l'ensemble de ses choix, dont il attribue souvent les conséquences au hasard et au sort. [...]
[...] Ainsi, nous avons vu que la question n'est pas tant de savoir si l'on peut connaître les raisons des déterministes qui nous accablent, mais de savoir s'il est même possible d'user dessin libre-arbitre pour explorer les déterminants de notre existence. De ce fait, connaître ce qui nous détermine peut certes nous aider à effectuer des choix conformes à notre volonté, mais l'élaboration même de cette volonté peut être l'esclave de nos passions, de nos doutes, de nos besoins. Pour ces raisons, connaître ce qui nous détermine constitue une condition nécessaire pour exercer plus pleinement notre liberté, mais ce n'est pas suffisant : il faut encore rappeler que la condamnation à être libre tient à notre capacité à juger pleinement des situations, ce qui est le propre de l'Homme. [...]
[...] De ce fait, connaître ce qui nous détermine ne permet pas de sortir de cette logique. En réalité, l'Homme est libre par sa raison (Saint Thomas d'Aquin) Que l'on effectue un choix parce que l'on est condamné à devoir choisir (Sartre), ou bien parce que les options disponibles sont limitées (Spinoza), l'Homme est doué de libre-arbitre. Contrairement aux animaux ou aux objets inanimés, l'Homme est marqué par sa capacité à estimer les alternatives en présence. Or, Thomas d'Aquin attribue cette liberté de choix à la capacité qu'à l'Homme d'exercer sa raison. [...]
[...] Dans la mesure où l'Homme est condamné à être libre, il peut accroître sa liberté en prenant conscience de ce qui le contraint (Sartre) Si l'Homme n'est pas libre, qu'est-il ? C'est en somme la question que pose Sartre dans l'être et le néant, en affirmant que l'Homme est condamné à être libre (L'être et le néant, Sartre, 1943). De ce point de vue, la liberté n'est pas une conquête, il n'est pas même question de degrés de liberté, mais au contraire, l'Homme reçoit sa liberté comme un fardeau. [...]
[...] Suffit-il de prendre conscience de ce qui nous détermine pour nous en libérer ? Si l'Homme agit poussé par ses passions, alors il semblerait qu'il doive s'employer à découvrir ces passions, afin d'être libre de s'y soumettre ou non. Mais est-ce seulement possible ? Car il semble à première vue difficile de connaître ce qui fait que nous nous disons libres. Par ailleurs, connaître les limites de sa liberté peut ne pas suffire à être véritablement libre. Autrement dit, suffit-il de prendre conscience de ce qui nous détermine pour nous en libérer ? [...]
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