Suffit il de bien parler pour bien penser ?

Thèmes abordés

Philosophie, parler, penser, expression, pensée

Résumé du document

Il est vrai que selon l'opinion, une bonne expression ou bien des phrases intelligibles et bien tournées, semblent êtres directement associées avec une bonne pensée. Donc, pour bon nombre de personnes, quelqu'un qui a une bonne aisance orale et qui manie bien le langage est le symbole d'une personne qui pense bien. Mais, suffit-il d'apprendre à bien parler pour bien penser? Il nous faut tout d'abord définir les différents termes de la question à laquelle nous allons répondre. Le verbe « apprendre » y est utilisé, ce qui signifie qu'il y a besoin d'acquérir une pratique, s'entrainer et s'exercer a faire quelque chose, qui est ici « parler ». Il faut comprendre cette notion dans le sens « s'exprimer » ou encore « bien communiquer » avec d'autres. Penser, c'est faire un discours, celui de l'âme avec elle même, qui aurait pour fonction de former et combiner des idées, de construire des raisonnements. La question étudiée sous entends qu'on pourrait se contenter d'apprendre à bien parler, ce qui voudrais dire à mieux parler, pour pouvoir accéder à une bonne pensée. Cela supposerait alors qu'il serait possible que l'on applique à notre pensée la méthode que l'on a utilisée pour parvenir à bien parler. Donc cela suggère que l'on peut se contenter de savoir bien parler pour bien penser, et que le fait de bien s'exprimer est le signe d'une bonne pensée. Il suffirait ainsi de maîtriser l'un pour que l'autre soit considéré comme acquis et même maîtrisé.

Extraits

[...] Où alors faut-il remplir d'autres conditions sans lesquelles on saurait bien parler sans pour autant bien penser ? Comme nous l'avons évoqué plus haut, pouvoir se faire comprendre par les personnes qui nous entourent et pouvoir parler de façon claire et cohérente peut être considéré comme « bien parler ». Parler c'est également faire usage de la langue, donc d'un langage : c'est ce qui nous permet d'organiser nos pensées, d'agir sur les autres ou encore de classer des choses. [...]

[...] Ils sont perçu comme des personnes qui pensent bien, donc, par définition qui communiquent bien, mais ce ne sont finalement que des « beau parleurs », ils jouent un rôle et le jouent habilement en charmant grâce a la parole. Le sophiste sait bien parler, il manie l'art du discours de façon très adroite, mais tout cela n'est qu'une façade, qui lui permet de couvrir son manque de bonne pensée . Bien parler n'est donc qu'une composante de « bien penser », essentielle, certes, mais on ne peut pas se contenter que de celle-ci. [...]

[...] En se cultivant, on se rapproche donc d'une bonne pensée. Bien parler est un atout, mais sans une bonne pensée, l'expression d'une idée peut sembler incomplète. Parlons par exemple du bavardage, qui consiste à parler pour ne rien dire. Quelqu'un qui bavarde maitrise le langage suffisamment pour se faire comprendre et communiquer. Ce n'est pas un défaut qui vient du langage, mais plutôt de la pensée. Comme il parle « pour ne rien dire » alors, à la base, il n'y a pas de « bonne » pensée. [...]

[...] La vérité est ici la qualité de ce qui est vrai, en ce qui concerne l'ordre du discours. C'est ce que l'on cherche par la pensée philosophique, alors que pour Platon, c'est par le langage que l'on trouve l'aboutissement de la pensée philosophique. La pensée comme un dialogue de l'âme, est effectivement une notion évoquée par Platon dans Le Sophiste, quand il parle d' « Un dialogue intérieur et silencieux de l'âme avec elle-même ». Ce dialogue consiste alors à cheminer « au travers » ou « au moyen » (dia) du « discours raisonné » (logos). [...]

[...] Une personne qui a appris à bien parler peut l'avoir fait sans pour autant savoir bien penser. Mais il est également possible qu'une personne qui sache bien penser ne puisse exprimer cette pensée comme il le voudrait. Il semble effectivement y avoir une limite a la possibilité de communiquer, d'exprimer la pensée. Nous avons établi qu'il ne peut exister de pensée ineffable, de pensée que l'on ne pourrait exprimer par les mots. Cela ne signifie pas pour autant qu'il est impossible de bien penser mais de ne simplement pas trouver les mots qu'il faudrait pour s'exprimer. [...]