suffit-il de se méfier des idées reçues pour connaître ? N'y a-t-il pas une mobilisation intellectuelle supplémentaire qui s'avère nécessaire ?
Dissertation de philosophie en trois parties avec introduction et conclusion.
[...] Après tout, Nietzsche n'écrivait-il pas déjà que « connaître, c'est comprendre toute chose au mieux de nos intérêts. » ? (La volonté de puissance, Nietzsche). Nous vivons des choses dans l'expérience, nous les percevons grâce à nos sens, mais l'esprit effectue d'emblée un travail de sélection, sans même que nous soyons aux commandes de ce travail. Pour garder une intégrité mentale et éviter les trop grosses disparités entre ce que nous percevons et ce que nous pensons, ou ce à quoi nous croyons, nous lissons cette disparité en favorisant les informations qui nous arrangent. [...]
[...] Car « connaître » vient du latin « cognoscere » qui signifie apprendre à connaître et chercher à savoir, toutes deux nécessitant une mise en marche de l'esprit, une démarche volontaire vers le savoir. Par conséquent, suffit-il de se méfier des idées reçues pour connaître ? N'y a-t-il pas une mobilisation intellectuelle supplémentaire qui s'avère nécessaire ? Annonce du plan : Certes, connaître, c'est se former une représentation adéquate d'un objet : afin d'y parvenir, il semble nécessaire d'éviter les idées reçues. Cependant, cela ne suffit pas : connaître suppose une démarche volontaire : il faut une démarche active pour cheminer vers la connaissance. [...]
[...] Suffit-il de se méfier des idées reçues pour connaitre ? Introduction : Accroche : « Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue, est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » (Dictionnaire des idées reçues, Gustave Flaubert, 1913). Cette citation tirée des Maximes de Chamfort et placée en incipit de l'ouvrage de ce dictionnaire d'un genre spécial donne d'emblée des éléments de définition de l'idée reçue. Il semble en effet que de par la nature même de cette dernière, toute connaissance semble nécessiter une méfiance vis-à-vis de ces « idées publiques », et de ces « conventions ». [...]
[...] Le philosophe est celui qui questionne les opinions communes pour amener l'individu vers une juste connaissance des idées. Dans Le banquet de Platon, Socrate illustre symboliquement la maïeutique en disant que l'âme de chaque homme est enceinte et qu'elle désire mettre bas : le philosophe devient un accoucheur du logos, c'est-à-dire du discours rationnel. Ce discours rationnel est aussi celui de la méthode scientifique : ce cheminement de pensée vise à accéder à une connaissance certaine (scientia : la connaissance), s'appuyant sur une analyse fine de l'objet d'étude. [...]
[...] « Le fait est que la "réalité" est, dans une grande mesure, inconsciemment construite à partir des habitudes linguistiques du groupe. » écrivent Catherine Détrie, Paul Siblot et Bertrand Vérine, dans leur ouvrage Termes et concepts pour l'analyse du discours (2001). Ainsi, les mots que nous utilisons brident l'accès à une véritable connaissance d'un objet, car nous traduirons sa réalité dans un langage qui est déjà porteur d'un leg culturel et d'orientations . Par conséquent, connaître s'avère une entreprise impossible à mener complètement à terme, car le réel demeure insaisissable pour nos instruments d'approche de ce réel, mais également parce que les premiers d'entre eux (la cognition et le langage) sont déjà un prisme qui déforme la représentation que nous nous faisons de l'objet d'étude. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture