Les armées ont, plus que toute autre organisation, à gérer la situation structurellement contradictoire qui résulte de l'impératif qui leur est fixé d'être capables de s'engager sans délai dans des crises multiformes, tout en assurant leur vie quotidienne dans les conditions du temps de paix. La chose leur est rendue plus difficile pour deux raisons.
[...] A ces difficultés potentielles, s'ajoutait un fait général : la faiblesse des moyens de l'état-major des armées. En effet, la crise n'étant pas la guerre, il a manqué les renforts pouvant provenir de la mobilisation ou, mieux, de l'affectation dans des tâches opérationnelles d'officiers employés à des tâches de temps de paix. Aurait- on pu fermer les écoles de guerre comme on l'aurait fait si un conflit majeur avait éclaté? Le rôle de l'état-major de l'armée de l'air et de la FATAC Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que l'état-major de l'armée de l'air et même le grand commandement qu'est la FATAC (force aérienne tactique) aient joué un rôle décisif dans la mise en place, le soutien et même l'engagement des moyens aériens, l'état-major des armées leur déléguant, dans les faits sinon en droit, une partie de ses attributions. [...]
[...] En outre, les caractéristiques particulières des engagements prévus en Afrique ou au Liban faisaient qu'il n'était fait appel qu'à certaines armes : pas d'artillerie ni de blindés lourds, ni de guerre électronique. Dans le cas de l'opération Daguet, c'est une tâche d'une toute autre ampleur qui a dû être accomplie. La décision de ne pas envoyer d'appelés, même volontaires, a constitué la première difficulté inattendue puisque l'habitude avait été prise de faire appel à eux, même dans des situations à risque comme au Liban : c'est une compagnie d'appelés volontaires qui avait été victime de l'attentat du Drakkar. [...]
[...] Il nous semble que l'on ne peut se résoudre à ce spontanéisme structurel parce qu'il est porteur de graves dangers. Les circonstances favorables qui ont permis, dans le cas de l'opération Daguet, de réagir avec succès ne sont pas forcément reproductibles et les délais qu'exige l'adaptation à l'inattendu ne nous seront pas toujours offerts. D'abord, une meilleure structuration de certaines fonctions est indispensable : nous l'avons vu pour la logistique et le renseignement. Il n'y a là que des avantages à faire mieux qu'aujourd'hui, c'est-à-dire en prenant davantage en cause, dans le traitement de ces affaires, la dimension inter-armées et de manière plus spécialisée. [...]
[...] C'est sur la qualité des hommes qu'il faut miser pour cela plutôt que sur la multiplication des moyens. III) LES DIRECTIONS DES SERVICES DE SOUTIEN : L'EXPÉRIMENTATION DU PLAN ARMÉES 2000 Troisième niveau de notre analyse, celui des directions chargées du soutien des forces. Une coïncidence rend l'observation de ce niveau particulièrement intéressante. En effet, la mise en place des structures baptisées Armées 2000 venait d'intervenir, de façon d'ailleurs encore provisoire, mais la philosophie de cette réforme était arrêtée et connue; une expérimentation était en cours et, en quelque sorte, l'opération Daguet a été, pour cette réforme, un baptême du feu. [...]
[...] Le résultat a été dans l'ensemble excellent. Il est rare de pouvoir, dans les armées, éprouver immédiatement dans l'action une réforme des structures hiérarchiques. Dans le cas présent, l'idée, souvent controversée, de l'autonomie des services dans l'atteinte des objectifs fixés au niveau national a prouvé immédiatement sa validité. Il n'est donc pas surprenant que les textes réglementaires signés le 14 juillet 1991 pour mettre en place définitivement la réforme Armées 2000 aient entériné cette nouvelle structuration des responsabilités. La continuité de la notion de service : des unités de combat aux établissements centraux Un autre aspect important a été mis en lumière par l'opération Armées 2000 à propos des services de soutien et concerne la notion même de service. [...]
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