Entre 1880 et 1918, le sport a été instrumentalisé dans une perspective de construction nationale (I). Puis, le sport s'est transformé en vecteur des idées nationales pour un nombre important de pays, jusqu'en 1945 (II). Enfin, à partir de 1945, le sport est passé d'un enjeu strictement national à un enjeu international (III)
[...] Elle est postnationale : les tenants d'une identité postnationale proposent pour l'Europe un modèle d'identité politique indépendant de toute communauté d'appartenance : il s'agit de dissocier l'identité culturelle de l'identité proprement politique, fondée, elle, sur des institutions et des procédures démocratiques. Dans cette perspective, le pôle d'identification devient intellectuel : l'Etat de droit et les principes de la démocratie. La réflexion de Jürgen Habermas[15] sur le patriotisme constitutionnel tente de donner corps à une identité européenne postnationale. Il cherche, ainsi, à penser une forme d'organisation politique démocratique débarrassée des passions nationales et nationalistes. Aussi l'identité européenne est en rupture avec toute idée de communauté de destin historique et en référence exclusivement morale et juridique à des principes démocratiques. [...]
[...] En outre, il désire instaurer une compétition sportive internationale où l'émulation reste pacifique. En 1894, il forme un Comité international olympique et les premiers Jeux ont lieu à Athènes en 1896, le jour de la fête nationale grecque. Après quelques difficultés[6], les Olympiades vont se succéder : le nombre des nations se multiplie. Plus que les individus, ce sont les nations qui s'affrontent pacifiquement : tout vainqueur devient un héros illustrant par son exemple les vertus de sa patrie. De plus, la présentation d'une nation aux Jeux Olympiques entraîne un retentissement formidable pour une nation pas encore reconnue officiellement : les délégations de Bohême et de Finlande aux Jeux de Stockholm en 1912. [...]
[...] La même logique est sensible dans le mouvement tchèque Sokol, fondé en 1862 par Miroslav Tyrs. Il se veut l'incarnation de l'âme nationale. Les groupes de Sokol jouent un grand rôle dans le développement et l'élargissement de la conscience nationale. Leurs gigantesques exercices d'ensemble attestent de la vigueur de la nation tchèque auprès des masses et des étrangers. Cette culture sportive des associations de gymnastique se propage, au fur et à mesure, dans toute l'Europe. L'éducation physico-sportive, sur le modèle allemand, arrive en France après la défaite de 1870. [...]
[...] Les relations entre Nation, fascisme et football sont sensibles dans les journaux italiens de l'époque. Le 9 juin 1934, la Corriere della Sera écrit : Toute une Nation s'exalte pour l'équipe nationale qui descend sur le terrain; ce sont les couleurs du drapeau qui font tressaillir les coeurs et briller les yeux Même Jules Rimet, créateur de la Coupe du Monde de football, est admiratif devant l'exemple italien; il affirme, après le succès italien : Sortir premier d'une épreuve où sont en concurrence les meilleurs parmi les joueurs de balle de tous les pays, c'est prouver son courage et honorer sa Patrie. [...]
[...] Elle exige une autre démarche qui prend en compte la complexité de la situation européenne actuelle. L'Europe s'est construite, progressivement, après la seconde guerre mondiale. Elle s'est fondée sur la réunion d'intérêts économiques (création de la CECA en 1951, par exemple). De l'union économique, elle s'est engagée dans une dynamique institutionnelle et juridique qui a instauré une citoyenneté et une démocratie européenne (de l'Acte unique en 1986 au Traité de Maastricht en 1992). Désormais, se pose, avec acuité, la question de l'identité européenne. [...]
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