Dans le Traité théologico-politique, il s'agit pour Spinoza de prouver que la Bible, dont l'autorité est reconnue par toutes les Eglises, n'enseigne pas l'intolérance et que le respect de la parole de Dieu peut se concilier avec un régime de liberté d'opinion. C'est en ce sens une Politique tirée de l'Ecriture Sainte que veut écrire Spinoza. Ce que traduit le titre de l'ouvrage (...)
[...] " Portée philosophique Dans le domaine, concerné, de la philosophie politique, Spinoza permet d'entrevoir le caractère déshumanisant des régimes hyper-dirigistes, dans lesquels l'État se place à l'initiative de toutes les entreprises de la société civile, en pratiquant une intervention tous terrains, ne laissant aucune autonomie aux individus. Tel est le cas des régimes "socialistes" que l'histoire ultérieure chérira avant de les récuser et d'y voir un chemin de déchéance radicale d'une humanité avilie. Il permet ce faisant de saisir, par avance, la valeur de la conception opposée, à savoir la conception libérale, confiante dans l'usage d'une raison libre. Lorsque l'on sait que c'est elle qui finira, historiquement, par être adoptée par les nations dites "avancées", on ne peut que reconnaître la perspicacité politique de Spinoza. [...]
[...] Une telle licence conduirait au maintien de l'état de guerre de tous contre tous, qui est celui de l'état de nature. Il s'agit d'une façon de se conduire en se plaçant sous l'autorité de la raison. A l'état social chacun continue de pourvoir à sa propre subsistance, conformément aux exigences de sa nature, mais, grâce à l'autorité de l'État, et contrairement à l'état de nature, nul n'y est empêché d'y pourvoir par le fait des autres qui y feraient obstacle! [...]
[...] Et sans doute des mesures paraissent inoffensives en regard des persécutions qui, dans d'autres pays, frappaient les dissidents dans leurs biens, leur liberté, leur vie. La Hollande restait en Europe le pays de la tolérance et, malgré les efforts des calvinistes, qui, dans leurs écrits, réclamaient l'intervention du pouvoir temporel et menaçaient l'Eglise et l'État de tomber dans le plus affreux chaos : " si le juge et le prêtre, comme autrefois Moïse et Aaron, ne marchaient pas la main dans la main, si le glaive ne s'unissait pas à la parole pour combattre l'hérésie (Cf Hymkerma, Réformateurs, vol. [...]
[...] Non, je le répète, la fin de l'Etat n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une Raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté. (Spinoza, Traité théologico-politique: État et liberté Ch. XX, GF p.329) Commentaire Cet ouvrage est explosif : Spinoza y expose une méthode critique pour étudier les textes sacrés et nie les miracles. [...]
[...] Il veut défendre l'idée selon laquelle l'institution étatique, loin d'annuler la liberté individuelle, a pour but d'en garantir l'exercice. Nous avons tout lieu de penser que Spinoza s'oppose ainsi soit à une façon de voir, soit à une façon de faire, et peut-être même aux deux, faisant obstacle dans les esprits ou dans les faits à sa propre conception, positive, de l'État. Aussi convient-il de tenter de les identifier. Peut-il s'agir d'une façon de faire? Le contexte politique et religieux du temps de Spinoza autorise à le penser. [...]
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