Dans ce court extrait du chapitre XX du Traité théologico-politique, Spinoza traite la question de la fin de l'État, fin étant pris au sens philosophique de finalité. Il défend essentiellement la thèse que la fonction de l'État, c'est-à-dire son rôle véritable au sein de la société, est d'assurer la sécurité et surtout la liberté des individus. L'auteur se place donc en décalage avec l'opinion générale de l'époque qui n'envisageait cette fonction que sous l'angle de l'encadrement ou de la domination. C'est dire qu'un État qui repose tout entier sur la répression, qui terrorise les sujets en les maintenant dans l'esclavage, n'est plus, à strictement parler, un État. Il ne remplit plus le rôle que le philosophe lui attribue (...)
[...] Implicitement, Spinoza fait référence à l'état de nature qui pour lui est un état d'insécurité dont la société doit nous faire sortir. Cependant, la mise en place de règles et de codes est nécessaire au bon fonctionnement de ce système et c'est souvent sur ce point que l'opinion générale parle de restriction des libertés. Comme l'a dit François Cavanna dans 4 rue Choron, La liberté consiste à faire tout ce que permet la longueur de la chaîne Un état où règne une liberté sans entrave aucune est inévitablement plongé dans l'anarchie. [...]
[...] Si, en l'absence d'État, l'homme n'est pas libre, n'est-ce pas alors le pouvoir politique qui garantit la liberté ? L'Etat semble bien nécessaire à la liberté. Il nous libère de la violence de la nature extérieure, en organisant le travail et de la violence des autres, par la loi car, entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et la loi qui libère affirmait Lacordaire. Si l'existence de la loi m'interdit d'agir à ma guise, elle interdit la même chose aux autres. [...]
[...] Ce qui caractérise d'abord l'État est le fait qu'il exerce un pouvoir c'est-à-dire qu'il produit des contraintes qu'on appelle les lois. Si nous enfreignons les lois nous sommes passibles de sanctions, ce qui semble s'opposer à notre liberté. Il est clair que l'État empêche l'homme d'être indépendant et c'est pourquoi certains penseurs, les anarchistes, se sont élevés contre l'État. Ni Dieu, ni maître proclame l'anarchiste Proudhon. C'est au nom de la liberté de l'individu qu'il s'oppose à l'existence du pouvoir politique. Étymologiquement, anarchie veut dire sans pouvoir Pourtant serions-nous libres en l'absence de pouvoir politique, en l'absence d'État ? [...]
[...] Le passage se clôt sur une phrase à valeur conclusive : La fin de l'État est donc la liberté Mais peut-on réellement vivre en liberté tout en se conformant aux règles imposées par l'État ? Vivre en harmonie avec les individus qui nous entourent dans le cadre de l'État est-il synonyme de vivre en liberté ? Une telle conciliation est-elle possible? Spinoza utilise délibérément une construction qui peut paraître à première vue dérangeante mais qui trouve sa justification dans l'argumentation du philosophe. [...]
[...] Seule la démocratie peut respecter la liberté comme le démontrera Rousseau dans Du contrat social. En effet, l'Etat démocratique incarne l'intérêt général. Il ne domine pas les individus car son pouvoir est celui des citoyens. L'État institue le droit qui nous défend contre la crainte. Un État qui bafoue la liberté de penser et de s'exprimer est toujours voué à la disparition à plus ou moins long terme car il se heurtera, tôt ou tard, à une révolte des citoyens. [...]
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