C'est une définition de la liberté que Spinoza reconnaît sienne : « Pour ma part, je dis que ». Mais ce « je dis que » est une simple limite de courtoisie. Il faut entendre que Spinoza donne la définition de la liberté, telle qu'il l'entend à l'intérieur de son système philosophique, telle qu'on doit l'entendre, pour comprendre sa doctrine et surtout telle qu'elle lui apparaît comme juste.
Tout d'abord, et c'est d'emblée le centre même de la position de Spinoza, la notion de liberté est à comprendre dans sa distinction d'avec la notion de contrainte (...)
[...] Sans avoir à développer la relation entre essence et connaissance, ce qu'il est important de voir ici, c'est que, à chaque fois, Spinoza pose l'identité de la liberté et de la nécessité. Est libre Dieu, qui, comme causa sui comme sa propre cause, est nécessaire de lui-même. Est connaissance libre, c'est-à-dire absolue et non relative, la connaissance nécessaire. A tel point que Spinoza va jusqu'à rapprocher les deux termes en parlant de libre nécessité Notion de nécessité qui s'applique à Dieu (Dieu est auto-nécessité, comme cause de lui-même et qui s'oppose à la fantaisie d'un décret dont il serait peut-être l'auteur, mais dont il n'aurait à rendre compte qu'à lui-même. [...]
[...] Ici, dans la lettre à Schuller, il s'agit d'un simple rappel de position, d'un simple rappel de doctrine. Et l'on peut d'ailleurs, sans beaucoup se tromper, supposer que Schuller connaît bien cette doctrine, qu'il a lu des textes de Spinoza (même si certains, comme le Traité théologico-politique, sont parus anonymement), ou peut-être même qu'il a reçu de Spinoza des bonnes pages de l'Ethique (qui est certes une œuvre posthume, mais à laquelle Spinoza travaille depuis 1661, et qu'il a fait lire tout au moins, partiellement à certains de ses amis). [...]
[...] Il n'y a peut-être nulle part une telle chose qui existe et agisse par la seule nécessité de sa nature Comme s'il pressentait cette objection, Spinoza pré-sente cette chose libre : Dieu. En rappelant sa définition, comme on la trouve, par exemple, dans l'Ethique : Il existe nécessairement ; il est unique ; il est et il agit par la seule nécessité de sa nature (appendice à la partie ou encore dans la proposition 17 (où joue la distinction d'avec la contrainte) : Dieu agit d'après les seules lois de sa nature et sans être contraint par personne. Et Spinoza redouble de même encore son exposé. [...]
[...] Plus simplement, la notion de liberté est à opposer à la notion de contrainte (et non à celle de nécessité). D'où, d'un point de vue stylistique, la construction symétrique : je dis que cette chose est libre [ . je dis que cette chose est contrainte Construction symétrique qui oppose une chose qui existe et agit (du côté de la liberté) à une chose qui est déterminée (du côté de la contrainte). Plus précisément d'un côté l'autonomie par la seule nécessité de sa nature de l'autre l'hétéronomie par une autre [chose] à exister et à agir Notons en passant que la notion d'existence, renvoie aussi bien à l'existence nécessaire par essence (c'est-à-dire liberté) qu'à l'existence nécessaire par causalité externe (c'est-à-dire déterminisme). [...]
[...] Vous voyez donc que je ne situe pas la liberté dans un libre décret, mais dans une libre nécessité. (Spinoza, Correspondance, Lettre XXIX) Introduction Il s'agit de définir la liberté En opposant liberté et contrainte, et en associant liberté et nécessité. La liberté se situe dans la libre nécessité Ainsi Dieu est libre en tant qu'il existe par la seule nécessité de sa nature Développement C'est une définition de la liberté que Spinoza reconnaît sienne : Pour ma part, je dis que Mais ce je dis que est une simple limite de courtoisie. [...]
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