Mal, bien, souffrance, morale, Justice, religion, philosophie, rationnel, irrationnel, transcendance, société, Nietzsche, Kant, Rousseau, Platon, Socrate, Stanley Milgram, Les Lumières, pêché originel, Adam et Eve, jardin d'Eden, obéissance, désobéissance, méchant, sociopathe, normopathe, nazi, neurologie
L'omniprésence du mal est un constat unanime et universel : le mal rôde autour de nous, nous le subissons, le percevons, l'expérimentons à travers une souffrance perceptible (le mal comme douleur physique ou morale, c'est-à-dire le mal-être comme dans "Le Mal du Siècle" de Musset), et une dimension morale (faire le mal, agir à l'encontre du bien, de la vertu qui sont des valeurs que la Justice tente de définir non sans peine). Mais, bien qu'on le perçoive, son origine reste une énigme.
S'il existe, il devrait pourtant y avoir un ensemble de causalités qui nous permettrait de remonter à sa cause première. Quelle est-elle ? Qui est responsable ? Sommes-nous les victimes ou les acteurs ? Les milieux religieux et philosophique se sont emparés de la question. Le premier par une approche irrationnelle et transcendantale. Le second par une approche rationnelle invoquant une responsabilité humaine. Mais finalement, nous verrons que le mal prend naissance dans la société.
[...] L'approche rationnelle des philosophes, invoquant une responsabilité humaine Certains philosophes vont même plus loin, en oubliant la dimension religieuse et en voyant dans l'Homme lui-même l'origine du mal. Notre propension à l'égoïsme, à l'amour-propre, notre aspiration naturelle à l'extension de notre puissance que Nietzsche appelle « volonté de puissance » participe à nous faire faire le mal. On écrase les autres pour notre intérêt. Freud dira de l'Homme qu'il est gouverné par des pulsions ignorant tout frein moral, et qu'il ne cherche naturellement que la plus grande satisfaction de son plaisir. Bien plus que source, l'Homme est aussi responsable du mal. [...]
[...] La vision religieuse et philosophique du Mal A. L'approche irrationnelle et transcendantale du Mal par la religion Puisque le mal a toujours été, alors le créateur de ce mal serait Dieu. C'est ce qu'affirmait Nietzsche. Pourtant, les religions ne répondent pas de la même manière à l'origine du Mal. Certes, elles demeurent sur la même longueur d'onde que cette théorie en affirmant que l'Homme d'aujourd'hui n'a pas sa responsabilité dans la création du mal. Le mal est apparu après la Création, puisque Dieu est bon et que ce qu'il a créé est tout aussi bon. [...]
[...] Ainsi l'organisation, est-elle, dans son ensemble, à l'épreuve du réel ? A qui revient la responsabilité, qui émet le premier ordre, qui y obéit ? C'est ce manque de transparence, ce tableau flou de la responsabilité, qui caractérise le système bureaucratique et qui peut devenir une machine à produire le mal, remplie de fonctionnaires dans leur « état agentique » et qui, portée par la grandeur de l'institution, peuvent être dépossédés de leur frein moral. Kant, dans « Qu'est-ce que les Lumières ? [...]
[...] Le mal pose un problème aussi dans la structure des institutions. Dans Crise de la Culture, Hannah Arendt évoque les similitudes qui existent entre la structure des régimes totalitaires et les bureaucraties d'aujourd'hui. Elle y décrit métaphoriquement une structure dite « en oignon ». Dans un espace central, vide, se trouve le chef. Quoi qu'il fasse, il le fait toujours de l'intérieur. Autour de lui se trouve une multitude d'organisations : sympathisants, associations professionnelles, membres du parti, formations d'élite, police. [...]
[...] L'Homme a donc en lui les traces du Mal qu'il hérite de temps immémoriaux. Pourtant, la religion ne dédouane pas l'Homme. En effet, si le Mal est en nous, en héritage de la faute originelle, nous pouvons aussi potentiellement le faire, devenant à notre tour source du Mal découlant du péché d'Adam. Le mal nous définit en quelque sorte, car, comme le disait Kant, l'Homme se différencie du règne animal auquel il appartenait dans le jardin d'Eden par notamment le fait qu'il ait commis le péché, comme acte de désobéissance et de liberté. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture