Il ne fait pas de doute que nous sommes partie intégrante du monde. Pourtant, sommes-nous certains de notre état d'existence ? Sommes-nous au monde en tant que sujet ou en tant qu'objet ? Le sujet s'oppose à l'objet en ce qu'il est porteur d'une raison intrinsèque. Il est le « je » que tout un chacun utilise pour se qualifier. Il est l'acteur de l'action directe, comme indirecte par la pensée. Il est dépositaire de la volonté et demeure apte à faire ses propres choix, à se fixer lui-même des lois. En d'autres termes, à être libre. Cette esquisse du sujet renvoie au sujet en tant qu'individualité universelle, on peut penser au poète romantique qui fait du « je » l'incarnation de l'humanité dans son intégralité.
Pourtant, la réalité du moi, que l'on pense évidente, n'est pas acquise. Le sujet peut être objet de désir ou de convoitise. Ne refuse-t-on pas d'être regardé et apprécié «comme une chose »? Le « je » peut être déprécié et instrumentalisé. Par ailleurs, la réalité du «moi», condition d'existence du sujet, peut être mise en doute. Car si l'on considère que l'idée du moi nait de la perception de moi-même qui la précède, à l'instar des sceptiques, je ne suis pas sûr de percevoir mon être en continu. Par conséquent, je ne peux certifier l'existence totale du moi.
[...] Néanmoins, nous possédons également une part de matérialité qui fait de nous des objets particuliers: objet du désir d'autrui, ou objet de communication, nous sommes, comme le souligne Kant: 100% phénomène chose en soi Mais la raison qui nous habite et la liberté qui nous caractérise nous distinguent des objets quelconques. Bibliographie Hume, Traité de la nature humaine, livre L'Entendement (1739), Descartes, Discours de la méthode. Lalande, Sur l'apparence objective de l'espace visuel. Kant, Critique de la raison pure. Montesquieu, L'esprit des lois. Hegel, La raison dans l'histoire. [...]
[...] Est-il sujet comme moi? Si je pense être sujet, n'est-il pas possible de concevoir une part de contingence qui me rapprocherait de l'objet ? La formule de Kant: considère autrui comme une fin, jamais uniquement comme un moyen nous rappelle que je peux être l'objet de l'autre, objet du sujet. En effet la raison pratique veut que j'utilise chaque fois le meilleur moyen pour arriver à mes fins. En ce sens, l'outil de médiation peut être un objet comme un sujet. [...]
[...] Dans cet état critique, la seule certitude est la suivante: je pense, donc je suis. De fait, c'est le doute même qui l'élève au rang de sujet raisonnable. Cette ultime connaissance par introspection me garantit que je suis un sujet, libre de mes choix et de mes jugements. Ainsi, si je suis objet, je ne suis pas quelconque. Je reste plutôt sujet, objet de la convoitise d'autrui ou du discours, mais libre dans choix et être de raison. Néanmoins, comment puis-je passer de la certitude personnelle la garantie d'une subjectivité universelle? [...]
[...] Mais si je suis objet, mes capacités cognitives et ma liberté me distinguent. Je ne suis pas quelconque car je suis capable de m'arracher au déterminisme naturel. Je suis sujet dans l'action et dans le choix. Mais si notre entendement nous persuade de la réalité de notre existence en tant que sujet, n'est-il pas permis de douter de la subjectivité de l'autre, de la même façon que nous doutons de l'effectivité du monde qui nous entoure? Si je suis sujet, l'autre n'est peut-être qu'objet de ma perception? [...]
[...] Est-il sujet comme moi ? En effet, en tant qu'être raisonnable, je peux penser que ce qui m'entoure ne vaut que par moi. Lalande ne dit pas autre chose lorsqu'il affirme que les autres restent inconnus et qu'ils n'ont, peut-être, pas plus de réalité que les personnages des rêves De fait, je peux être un sujet sans pour autant que nous soyons des sujets. Pourtant, cette idée trouve rapidement à être critiquée: Peut-on réellement être sujet sans être reconnu comme tel par un autre sujet raisonnable? [...]
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