Selon la légende de la Tour de Babel, Dieu voulut empêcher les Hommes de construire une ville et de tous s'y rassembler. Pour les diviser et arrêter leur entreprise, il dota chaque Homme d'une langue différente ce qui empêcha les Hommes de communiquer et donc de construire la ville. L'action de l'Homme fut stoppée par la barrière de la communication ce qui nous amène à nous demander si l'Homme est prisonnier du langage.
Il est bien difficile de croire que l'Homme puisse être véritablement prisonnier du langage, puisque le langage est selon Saussure « la faculté de l'Homme à communiquer ». Il ne se présente donc pas comme une contrainte mais plutôt comme un don qui nous différencie des autres espèces animales. Toutefois, on dit souvent du langage qu'il serait un frein à notre imagination, à notre pensée. Nos pensées seraient alors limitées par l'étendue de notre langage. Si étudier le langage en philosophie se révèle être une priorité, c'est sans doute parce que le langage est propre à l'Homme, seul l'Homme possède un véritable langage. De plus, selon Alain, « tous les moyens de l'esprit sont enfermés dans le langage, et qui n'a point réfléchi sur le langage n'a point réfléchi du tout ». Le langage serait la base de notre pensée, or si nous pensons sans véritablement faire attention à la notion de langage, alors nous ne pouvons pas avoir une pensée réfléchie et ordonnée.
[...] La forme de la création artistique prime sur son sens dès lors l'artiste se libère de la contrainte de la communication et peut créer librement. L'art en tant que langage peut nous libérer des contraintes imposées par les autres formes de langages, car l'art nous dévoile la réalité brute. D'après Bergson, seul l'artiste parvient à saisir la singularité des choses grâce à son intuition. Il peut se détacher d'un langage normatif pour intégrer les choses et dans son œuvre, l'artiste fait ressortir ce que lui voit de la singularité des choses mêmes et que nous, nous n'arrivons seulement qu'à apercevoir. [...]
[...] Un philosophe autrichien, Wittgenstein va même plus loin en affirmant que les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde Le langage serait donc notre condition nécessaire à la connaissance de notre réalité, de notre propre monde Si nous soutenons la thèse que les animaux ne possèdent pas le langage, alors ils n'auraient pas conscience du monde qui les entoure. Mais bien au-delà de la connaissance de notre monde, le langage nous permet d'accéder à des concepts ne faisant pas partie de notre réalité matérielle, mais plutôt d'une réalité conceptuelle. Si le langage n'existait pas, nous pourrions sentir une table, on pourrait la voir et la toucher même si nous ne savions pas que c'était une table. Mais pourrions-nous savoir ce que sont le bien, le mal, la vérité si nous ne possédions pas le langage ? Certainement pas. [...]
[...] Or justement, ils ont franchi ces barrières pour trouver un autre moyen de communiquer : le langage des signes. Spinoza affirme clairement que l'Homme ne peut s'empêcher de satisfaire son besoin de communiquer par la formule : Les hommes n'ont rien moins en leur pouvoir que leur langage Loin de nous emprisonner, le langage permet la vie en communauté de l'Homme ce qui lui assure une protection et garantit sa survie. Si le langage apparaît comme le seul moyen d'exprimer notre pensée, il est aussi la condition nécessaire à cette pensée. [...]
[...] Sans le langage, cette personne n'aurait pas pu savoir que je voulais le sel et elle aurait pu, ou pas, me passer le sel. Il se crée une forme d'obligation entre l'émetteur et le récepteur du message qui fait que le récepteur va répondre à l'émetteur d'une façon ou d'une autre. Ainsi, je réduis fortement la contingence et je réussis à atteindre mon but. Cette technique du langage apparaît aussi souvent comme un pouvoir. Dans la Bible, il suffit que Dieu parle pour qu'il accomplisse des miracles comme la formation de la Terre. [...]
[...] Par exemple la formule salut ! Ça va ? est passée dans une forme de langage de politesse C'est une parole mécanique que l'on prononce lorsqu'on rencontre une personne, mais ce n'est pas une formule inventive. Dans la parole parlée la forme conte presque plus que le sens de ce que l'on dit. L'Homme serait donc prisonnier de son langage, car son besoin de communiquer est tellement puissant qu'il ne peut le contenir et finit par céder à la tentation de parler pour ne rien dire Enfin, d'après la définition même du langage, celui-ci pourrait être un geôlier pour l'Homme et l'empêcher de s'épanouir en toute liberté. [...]
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