Aristote, disciple exceptionnel de Platon, ne peut manquer de s'intéresser à l'impératif socratique « connais-toi toi-même ». C'est l'occasion pour lui de se demander à quelles conditions une telle démarche est rendue possible. L'enjeu du texte doit donc être resitué dans un dialogue avec Socrate et Platon. Aristote examine les conditions d'acquisition de la connaissance de soi, ce qui engage une réflexion non seulement sur l'acquisition du savoir en général, mais également sur ce qu'est un « soi-même » par rapport à autrui (...)
[...] Cela est impossible en soi. Sans miroir nous ne pourrions jamais voir notre visage, sans reflet nous ne pourrions jamais voir nos yeux, sans la voix de l'autre qui nous répond, nous ne pourrions probablement jamais écouter ce que nous disons. Si l'indulgence ou la passion nous empêchent de juger correctement ce n'est pas tant parce qu'elles nous induisent en erreur en elles-mêmes, que parce que quand nous sommes sous leur emprise, nous ne pouvons sortir de nous-mêmes pour nous prendre pour objet. [...]
[...] Position du problème La première phrase du texte détermine le premier mouvement de la réflexion. C'est d'abord par la réfutation qu'Aristote va rendre possible sa position. Cette réfutation est une discussion avec Socrate (ou son porte-parole Platon). La connaissance de soi constitue l'objet de la discussion. Aristote s'accorde avec Socrate pour penser que la connaissance de soi doit être la finalité de notre cheminement intellectuel. Notons qu'il n'est pas sûr que le connais-toi toi-même de Socrate ait la même signification que celle que lui attribue Aristote. [...]
[...] La connaissance conçue comme acte commun du connaissant et du connu ne peut faire l'économie de l'un ou de l'autre ; dès lors, être à la fois le sujet et l'objet de sa pensée contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes l'origine et le terme de la connaissance, pose problème. Et c'est ce problème qu'Aristote se propose de résoudre. B. Illustration par un fait et explication Le problème est illustré par un fait, une expérience à laquelle nous avons tous été confrontés, au point qu'elle est devenue proverbiale : on voit la paille dans l'œil du voisin sans voir la poutre dans le sien ; ce que l'on déplore chez l'autre même sous forme bénigne, on est souvent incapable de l'objectiver pour soi-même. [...]
[...] La liberté ne crée pas un état autarcique, elle s'éprouve dans la relation avec autrui, avec le monde. Elle est ce qui rend disponible : pour être disponible, il faut être disposé, c'est-à-dire posé quelque part et tendu vers un ailleurs, un autre que l'on distingue et que l'on choisit. L'ami reste indéfectiblement un élu. La dernière phrase manifeste donc plus une synthèse qu'un réel paradoxe. Conclusion La nature de la connaissance suppose un sujet et un objet de la connaissance. [...]
[...] Cette première solution n'apparaît guère satisfaisante si on veut bien se souvenir de ce qu'écrit Aristote sur l'amitié dans l'Éthique à Nicomaque : La vertu des amis consiste à aimer et il s'ensuit que ceux qui proportionnent ce sentiment au mérite sont des amis sûrs et que leur amitié est inébranlable À l'évidence, la véritable amitié n'est pas destinée à s'éteindre dès qu'on estime se connaître suffisamment. Selon quels critères d'ailleurs pourrait-on un jour conclure que la recherche de la connaissance de soi est achevée ? [...]
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