"Du pain et des jeux", est-ce la devise de la société contemporaine ? - publié le 31/10/2007

Résumé du document

Le poète latin Juvénal, dans ses Satires, regrettait que le peuple romain "qui autrefois distribuait pleins pouvoirs, légions, tout, maintenant se replie sur lui-même et ne s'inquiète plus que pour les deux choses qu'il souhaite : du pain et des jeux". Cette dernière expression est devenue célèbre puisqu'elle a fréquemment été utilisée depuis pour illustrer la décadence progressive de l'Empire romain et de son peuple.

Extraits

[...] qu'à l'exercice de son activité professionnelle.Il sera en effet devant son écran 3 à 4h chaque jour pendant près de 80 ans alors qu'il ne travaillera, pendant une période de 38 à 42 ans, que 35 à 40h pendant environ 45 semaines chaque année. L'augmentation régulière du temps libre a favorisé le dvpt d'activités de loisirs qui sont peu perceptibles car très variées mais elles s'amplifient avec la diminution du temps de travail notamment en France depuis l'instauration des 35h: les activités "ludiques" se multiplient et prennent les formes les plus diverses.Il peut s'agir d'assister à des spectacles ou des rencontres sportives, de consacrer un temps plus long à regarder la télévision ou à la lecture, de s'initier au bricolage ou plus simplement de consacrer du temps à sa fam . [...]

[...] Elle illustrait l'intérêt croissant pour les divertissements et la satisfaction de leurs besoins alimentaires de base. Plus de vingt siècles après, elle est régulièrement reprise par des observateurs du monde contemporain. Ils constatent, pour le regretter le plus souvent, le désinvestissement des citoyens pour la vie politique, au sens large et leur intérêt croissant pour les diverses formes de loisirs ou de distractions qui leur sont proposés, puisque leurs besoins primaires, notamment l'alimentation, sont largement pourvus. [...]

[...] Le slogan "du pain et des jeux" est particulièrement pessimiste puisqu'il signifie, s'il était appliqué, que l'individu est prioritairement intéressé par la divertissement la satisfaction de ses propres besoins, négligeant par conséquent les problèms collectifs.Il est une négation de la politique au sens 1er du terme: le "gouvernement de la cité".Il s'agit d'ailleurs, pour cette raison d'un slogan qui est repris explicitement ou implicitement par tous les rég. totalitaires pour limiter les revendications sociales ou polit. en développant les rencontres sportives importantes des Jeux Olympiques organisées par l'Allemagne hitlérienne en 1936 au championnat du monde de football de l'Argentine de Videla en 1978 ou en privilégiant une élite sportive à laquelle la population pouvait s'identifier, à l'exple de celle de l'Allemagne de l'Est avant la réunification. [...]

[...] Hymnes nationaux et drapeaux illustrent cette évolution : ce n'est pas l'équipe de France de football ou de rugby qui l'emporte sur celle du Brésil ou de la Nouvelle-Zélande mais la France qui bat voire "humilie" ou "écrase", le Brésil ou la Nouvelle Zélande. De plus, le temps libre croissant et le pouvoir d'achat élevé des habitants des pays développés ont diversifié l'offre des "jeux", c'est à dire pour utiliser un terme plus contemporain, de loisirs.Qu'il s'agisse des loisirs actifs qui imposent des efforts physiques tels que le cyclotourisme, l'escalade, le trekking ou plus modestement une promenade en forêt ou en montagne , ou de loisirs passifs comme la télévision, le cinéma ou plus généralement, assister à des spectacles (théâtre, rencontres sportives . [...]

[...] Ds les pays pauvres, où vivent plus de 4 des 6 milliards d'habitants de la planète, l'expression "du pain et des jeux" est, à l'évidence, moins pertinente que dans les pays riches.Les habitants ont pour 1er souci d'obtenir un niveau de vie suffisant pour satisfaire leurs besoins primaires (manger, boire, se loger).Si le pain, au sens symbolique du terme, est privilégié, les exigences des habitants des pays pauvres sont moins fréquemment mises en avant en raison des régimes politiques le plus souvent autoritaires, voire dictatoriaux de ces Etats.Des pays aussi éloignés politiquement que Cuba, l'Afghanistan ou la Somalie connaissent ou ont connu de graves crises d'approvisionnement alimentaire alimentaire voire des famines mais, l'opinion publique ne pouvant s'exprimer et les manifestations publiques étant interdites, la population ne peut exiger une amélioration de la situation.Des "émeutes de la faim" peuvent se produire lorsque la situation devient préoccupante mais l'opinion publique étant fréquemment manipulée par les dirigeants au pouvoir ou par des opposants, ces manifestations sont rarement spontanées et ont souvent une signification politique diffèrente de celle annoncée, à l'exple des troubles qui ont lieu récemment à Haïti.Il est ainsi fréquent que des manifestations soutenues, voire organisées, par le gouvernement en place se déroulent dans les pays où le FMI a imposé un plan d'austérité pour relancer l'éco. et sont, en réalité, des mouvements hostiles à la tutelle exercée par cette organisation internationale. [...]