Le désordre, affirmait en substance Bergson, représente le sentiment éprouvé par l'individu lorsque ce dernier se trouve face à un ordre qu'il n'avait aucunement voulu, auquel il ne s'attendait nullement. Il s'ensuit alors que cet ordre lui paraît inintelligible. Le désordre ne serait donc qu'une sensation, une déception ressentie par l'individu et découlant inexorablement de son incompréhension de l'ordre impensé qu'il appréhende. Cela signifie, par conséquent, que tout ordre est, par définition, relatif puisqu'il dépend de la multitude des conceptions et perceptions individuelles. Aucun ordre absolu n'est, au final, envisageable. Aux notions d'ordre et de désordre s'attache nécessairement la subjectivité de celui qui découvre et pense la réalité empirique.
Toutefois, même s'il convient de souligner le caractère quelque peu aléatoire et contingent des concepts d'ordre et de désordre, la situation de la communauté internationale, à la suite des « pulsions de morts » ayant frappé les Etats-Unis d'Amérique le 11 septembre 2001, a rapidement été assimilée à un « désordre mondial ». En effet, nombre de facteurs incitent à considérer que le concert des nations est condamné à l'anarchie. Loin de se caractériser par l'apaisement ou la détente, la communauté internationale parait, à bien des égards, bouleversée. Les traditionnels points de repère s'érodent, les évolutions et les ruptures sont non seulement brutales mais également quasi-immédiates du fait de ce que d'aucuns appellent « l'accélération de l'Histoire ». Tout se déroule comme si une nouvelle ère d'insécurité généralisée avait débuté. L'anomie du monde contemporain porte à penser que l'anarchie incarne et symbolise la société internationale.
L'érosion de l'ancien monde westphalien -du fait des coups de boutoir, à la fois, de l'émergence de l'individualisme et du processus de globalisation- ainsi que la fin de l'ordre bipolaire de la Guerre Froide et les lacunes des régulations internationales contribuent à rendre le concert des nations si chaotique et troublé.
[...] Ce processus de globalisation, s'il est subi par les Etats, a cependant été impulsé par ceux-ci. En effet, la puissance s'est aujourd'hui dématérialisée. Elle est liée à la capacité d'ouverture, d'adaptation et d'innovation. L'économie mondiale se désétatise, les frontières perdent de leur évidence. La puissance et l'autorité des firmes multinationales le dispute toujours davantage à la souveraineté des Etats. Certaines leur dictent leur politique. La mondialisation semble amorcer une désintégration progressive des Léviathan à la faveur de l'individu et des entreprises multinationales. [...]
[...] La société internationale est-elle condamnée à l'anarchie ? Le désordre, affirmait en substance Bergson, représente le sentiment éprouvé par l'individu lorsque ce dernier se trouve face à un ordre qu'il n'avait aucunement voulu, auquel il ne s'attendait nullement. Il s'ensuit alors que cet ordre lui paraît inintelligible. Le désordre ne serait donc qu'une sensation, une déception ressentie par l'individu et découlant inexorablement de son incompréhension de l'ordre impensé qu'il appréhende. Cela signifie, par conséquent, que tout ordre est, par définition, relatif puisqu'il dépend de la multitude des conceptions et perceptions individuelles. [...]
[...] La multiplication des Etats fragiles également, résulté de la décolonisation et de la chute de l'Empire soviétique. Ceux-ci n'ont guère d'évidence territoriale et sont soumis aux pressions incessantes des grandes puissances et à la corruption. A tel point qu'Ignacio Ramonet évoque des entités chaotiques ingouvernables L'exemple des pays d'Asie centrale est, à ce titre, éloquent. Ces Républiques sont le théâtre des rivalités tant américaine que russe ou chinoise. La mondialisation semble, par ailleurs, alimenter l'effritement des traditionnelles souverainetés étatiques. Les Etats paraissent débordés par la mondialisation. [...]
[...] Par ailleurs, la régionalisation croissante du commerce international a contribué à former des entités comme l'UE, le Mercosur ou l'Alena, sans grande identité et homogénéité politique. Concernant l'UE, il n'existe, en effet, ni unité culturelle ni unité politique. Sa devise n'est- elle pas unis dans la diversité ? Edgar Morin n'hésite pas, au contraire, à parler de bouillonnement dialogique et d'héritage culturel paradoxal. Nicolas Baverez suggère même que l'UE serait aspirée par le vide Ce type d'organisations régionales, du fait de leur caractère artificiel, ne serait pas un remède à l'anomie et à l'absence de véritable gouvernance mondiale. [...]
[...] La dissémination de la violence est telle qu'elle n'est plus exclusivement le fait d'armées conventionnelles et régulières. La situation est d'autant plus préoccupante que les populations civiles sont souvent prises pour cible des actes terroristes (11 septembre 2001, attentats de Madrid et de Londres, etc . Aux menaces terroristes s'ajoute aussi le fait qu'elles ne sont plus associées à des revendications clairement identifiables comme, par exemple, les traditionnelles demandes nationalistes ou communistes. L'unilatéralisme américain, selon d'aucuns, doit également être pris en compte. [...]
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