Psychosociologues, consommation, communication par la bande, Georges Perec, Daniel Bougnoux, marchandise, société, altérité, privation, publicité, produits, marques, flux, réseaux, économie, moderne, désir, irrationnel
Dans son roman Les Choses, Georges Perec dépeint un couple de jeunes psychosociologues dans les années soixante, que « l'immensité de [ses] désirs [paralyse]». La société de consommation, qui devrait en théorie combler les personnages, ne les fait que se perdre au sein de sa profusion. Daniel Bougnoux, philosophe et médiologue français, se sert du travail de cet auteur comme d'un point de départ pour développer son propre ouvrage La Communication par la bande : une introduction aux sciences de l'information et de la communication, publiée en 1991. Selon lui, « Les « choses » (Perec) nous promettent le bonheur, la beauté ou la forme en général (fitness) autant que d'excellentes relations sociales… La marchandise contient l'accès au monde, elle résume l'identité, l'altérité désirable, la plénitude. Tout nous invite à entrer dans l'objet, qui semble désormais l'avenir du sujet. » Il y a dans ces propos une promesse d'éléments relatifs et plutôt abstraits, tels que la beauté ou le bonheur, qui sont très variables, donc incertains d'un point de vue critique. De ce fait, un besoin « d'entrer dans l'objet » se fait sentir, comme pour ne faire qu'un avec le produit et se fondre en lui. L'objet est véritablement « l'avenir du sujet ». La matérialité remplace donc le vivant et le pensant. Nous pouvons observer cela comme une forme de plénitude : il y a paradoxalement un désir et un besoin de la consommation pour exister.
[...] La société de consommation, qui devrait en théorie combler les personnages, ne les fait que se perdre au sein de sa profusion. Daniel Bougnoux, philosophe et médiologue français, se sert du travail de cet auteur comme d'un point de départ pour développer son propre ouvrage La Communication par la bande : une introduction aux sciences de l'information et de la communication, publiée en 1991. Selon lui, « Les « choses » (Perec) nous promettent le bonheur, la beauté ou la forme en général (fitness) autant que d'excellentes relations sociales . [...]
[...] Le monde est de ce fait transformé en flux et réseaux, comme le figure la scène de l'agence de voyages dans Playtime. Le planisphère derrière l'agent d'accueil devient un graphique économique s'il est observé de l'autre côté. En parallèle de l'immensité de l'espace se trouve l'économie, à l'affut du profit que génère tout ce fourmillement. De plus, l'agent d'accueil doit exécuter une sorte de chorégraphie sur son siège à roulettes, afin de se rendre disponible à tout moment et de répondre aux attentes de tout le monde en même temps. [...]
[...] De plus, la société de consommation contribue à une aliénation de l'individu. Dans Playtime, les personnages sont comme des machines aux actions automatisées, ils sont contraints par leur environnement. De ce fait, une ambigüité se crée entre eux et les mannequins que l'on peut apercevoir en vitrine. Leur caractère artificiel est également figuré par le fait que les bruits et les sons sont plus importants que leurs propres paroles. Même Hulot, le personnage principal masculin, n'a pas vraiment de caractère propre. [...]
[...] Il y a néanmoins un paradoxe quand le trop-plein de détails le place en position de consommateur submergé par la marchandise, en lui faisant faire l'expérience de la profusion. Conclusion Pour conclure, les promesses fournies par la société de consommation ne sont pas nécessairement tenues, et peuvent être source de grandes contradictions au sein d'elles-mêmes. Si la modernité suggère à première vue un accomplissement, elle peut au contraire nuire à l'individu en lui faisant perdre jusqu'à son identité. De ce fait, l'être humain va de déception en déception dans ce monde uniforme et sans âme, qui poursuit son cours sans tenir compte des personnes qui le composent, alors même qu'elles sont sa principale source de vie et de revenus. [...]
[...] Une révolution anthropologique est en marche. La société de consommation prétend redéfinir l'Homme en le réduisant à un être de désirs, et faire qu'en cultivant son désir il se cultive lui-même. La société l'oblige à comparer les produits et les marques, et de ce fait à acquérir une forme de culture. En effet, le classement de tous les produits se fait selon des opérations rationnelles de regroupement, qui sont donc contraires à une sorte de bestialité consommatrice. Cette organisation crée de l'intelligence, dont le meilleur exemple est le supermarché. [...]
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