A partir d'une citation de Durkheim, cette dissertation se penche sur la problématique de la place de la société dans le développement de notre conscience morale. Après y avoir défini cette notion de manière plus précise, on cherchera à éclaircir les liens étroits entre conscience de soi et conscience des autres, entre conscience morale et conscience sociétale.
[...] L'une des autres origines de la conscience morale serait-elle donc la différence fondamentale entre l'homme et l'animal, c'est-à-dire la raison ? Kant, dans son Anthropologie du point de vue pragmatique, désigne en effet la raison comme responsable de la spécificité humaine : elle lui semble par ailleurs être la base du développement de la conscience morale, au travers d'une conception de l'homme fidèle à celle d'un être raisonnable. Ainsi, chaque homme, pour Kant, est apte à distinguer de lui-même le Bien du Mal, et le Vrai du Faux. [...]
[...] Cependant, toute conscience morale vient-elle nécessairement de la société ? Dans toute société se trouvent des anarchistes : c'est ainsi que les sociétés ont pu évoluer à travers les siècles, et que des évidences, comme le bien-fondé de l'esclavage, sont devenues des aberrations. Pourtant, l'hypothèse d'une société à l'origine de la conscience morale implique que tous les êtres éduqués selon les mêmes principes, et évoluant dans le même milieu, aient développé une conscience morale identique, ce qui n'est pas le cas. [...]
[...] Dès que le contact avec sa micro-société est rompu, Robinson perd ainsi en partie son humanité, en s'adonnant au plaisir animal de la souille. Le rôle de la société dans le mûrissement de la conscience morale, en dehors de toute considération éducative, est déjà présent à un stade moins avancé : pour Claude Lévi-Strauss, la prohibition de l'inceste, en tant qu' axiome de la société, est à l'origine de la conscience morale. De même, la théorie freudienne de l'inconscient permet d'éclairer le rôle de la société : le ça réservoir premier de l'énergie psychique, accumule des pensées inconscientes refoulées en partie par le surmoi Celui-ci, en jouant son rôle de censeur, se fait donc porte parole de la conscience morale : le surmoi doit veiller à ce que le moi entre dans les limites de la société. [...]
[...] Platon, par exemple, considérait ainsi l'esclavage comme juste. Apparaissent également des différences spatiales : la culture asiatique et la culture occidentale ont un rapport différent vis- à-vis des Valeurs, et donc de la conscience morale. Ainsi la conscience morale est un apport de la société : elle peut venir soit du contact d'autrui en lui-même la société nous inculque des valeurs tout au long de notre existence soit de l'éducation au sens strict. L'enfant est un candidat à l'humanité, mais il n'est qu'un candidat écrivit Henri Piéron. [...]
[...] De même, la religion a souvent été désignée comme origine de la conscience morale, notamment par Rousseau : Conscience, conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix La religion est ainsi souvent associée, dans l'esprit commun, à l'expression la plus pure de la conscience morale : les livres sacrés s'apparentent parfois à des recettes visant à gagner une morale parfaite. L'expiation des péchés n'est-elle pas, dans cette optique, un repentir de la conscience morale ? C'est ainsi que les religions tentent de définir le cadre du moral, de même que l'Etat définit celui du légal, dans deux conceptions différentes qui ne sont pas parfaitement superposables : le légal, c'est-à-dire le modèle de moralité que propose voire qu'impose une société, ne correspond pas à la morale de chacun d'entre nous. [...]
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