Georg Simmel développe dans cet ouvrage la notion de conflit. En première approche, la définition d'un conflit serait celle d'un événement de lutte, d'affrontement entre deux personnes ou groupes ayant des avis, le plus souvent, à l'opposé les uns des autres sur un thème précis. Cela amènerait donc un conflit qui opposerait les "pour" d'un côté et les "contre" de l'autre. Aussi, le plus souvent, ce conflit ne servirait pas à grand chose. En effet, chacun de son côté croyant à la véracité de sa thèse et, par conséquent, croyant au mensonge de la thèse adverse, le conflit ne serait rien d'autre qu'un échange de vociférations, un "pugilat verbal". Et l'issue de ce conflit serait vaine dans la mesure où les uns n'écouteraient pas les autres. Ce ne serait donc qu'une dispute de gens bornés, mais qui pourrait, cependant, se terminer par une entente entre les deux camps adverses (...)
[...] ] ces relations unitaires au sens étroit aussi bien que les relations dualistes. (pages 22 et 23). L'auteur indique d'emblée que les opposés, les contraires ne peuvent se détruire l'un l'autre : l'une ruinerait [pas] ce que l'autre construit (page 22, lignes 1 et 2 du passage), avant de poursuivre que ce qu'il reste à la fin est le résultat de [son] addition (même page, lignes 2 à 4). À première approche, cela n'est pas très clair, car cela ne nous paraît pas logique. [...]
[...] La première décomposition est le plus couramment admise. C'est celle consistant à désigner l'unité comme un accord et [une] cohésion d'éléments sociaux, par opposition à leur disjonction, leur exclusion, leurs dissonances (même page, lignes 6 à 9). Sont donc admis sous le terme 'unité' les éléments sociaux qui poursuivent, par exemple, un même but final, qui ont une même formation. Dans ces cas-là, les éléments en question sont donc très proches l'un de l'autre puisque tout ou partie de leur raison d'être est identique à celle de l'autre. [...]
[...] Autrement dit, une dispute, un conflit entre les deux composants du couple peut rapidement créer un fossé entre ces deux personnes. Mais il faut prendre un peu de recul par rapport à cela et essayer de voir toute l'action qui résulte des deux contraires en entier. C'est ce que développe l'auteur dans sa deuxième définition, définition selon laquelle unité, c'est aussi la synthèse globale des personnes, des énergies et des formes constituant un groupe, la totalité finale de celles-ci, dans laquelle sont comprises ces relations unitaires au sens étroit aussi bien que les relations dualistes (même page, lignes 9 jusqu'à la fin du passage). [...]
[...] En fin de compte, chacun aura entendu les arguments de l'autre et aura eu une occasion de remettre en question. En dernier lieu, un conflit, lorsqu'il est bien mené et bien réfléchi, aboutit à une solution. Cette dernière découle des argumentations et des remises en cause de chacune des deux parties au cours de ce conflit. Par voie de conséquence, on comprend que cette solution soit unique ou, à défaut, convienne aux deux parties. Et, dans cette unicité de la solution, inhérente au débat conflictuel qui vient d'avoir lieu au sein du groupe, il y aura toujours des oppositions car, comme le dira Simmel plus loin dans son livre, un groupe a besoin de conflits et d'oppositions pour exister concrètement et se développer. [...]
[...] Toujours dans cette même échelle-là (manifestants contre gouvernants), on peut émettre l'idée que le conflit peut être un contrepouvoir. À une échelle moindre, entre particuliers, il a une force un peu moins grande et cherche plutôt à faire comprendre un point de vue (sans forcément y arriver systématiquement) plutôt qu'à faire abdiquer une personne. Georg Simmel se pose, en quelque sorte, à contre-courant car, pour lui, le conflit n'est pas un vecteur de dissociation, mais plutôt un vecteur d'association ; il ne divise pas, mais rassemble, unifie. [...]
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