Silence, échec du langage, conceptualisation du silence, terme polysémique, tare du langage, caractère plurivoque, communication, défectuosité du langage
Lors des échanges et conversations les plus banales de notre quotidien, un silence peut parfois se montrer plus significatif que bien des mots. Nous avons tous déjà vécu quelques conversations creuses, malgré l'abondance de mots et d'information qui y est projetée. Le discoureur y divulgue tout son savoir, expose son entière connaissance, mais sa loquacité ne va qu'à l'encontre de son message et son seul silence saurait en dire plus long que son verbe étiré. Pourtant, la parole caractérise bien le moyen qui permet de divulguer une information : comment est-ce donc possible que malgré la multitude de choses que s'efforce d'exprimer notre bavard, son usage de la langue résulte à ne rien dire? Ce cas se retrouve considéré dans de nombreuses oeuvres, nouvelles et antiques; dans ses Oeuvres morales, Plutarque nous dit : On se repent souvent de parler, jamais de se taire. Ici, le silence est perçu comme accomplissant une fonction que la parole se voit incapable de remplir. Dans ces conditions, nous vient alors le questionnement : le silence signifie-t-il toujours l'échec du langage ?
[...] Nous rencontrons ce silence constamment : il est à l'origine de notre pensée. En effet, le silence « de réflexion » nous permet d'organiser nos idées et de construire nos pensées qui sont à l'origine même du langage. Le langage se verrait donc naître seulement grâce au silence. En second lieu, il est des silences qui font intégralement partie du langage au même titre que ce qui nous semblerait le plus évident tel que des mots. De cette façon le silence n'est pas uniquement un support à la communication, mais une tranche de celle-ci. [...]
[...] Il faut donc se référer à sa polysémie lorsque l'on est face à lui pour comprendre son origine et sa cause. [...]
[...] Le silence n'est pas toujours l'échec du langage. Il présente effectivement cette dimension, mais l'exclusivité de l'existence du silence comme échec du langage omettrait d'autres fonctions qu'il présente. Cette dimension n'est que le fruit de l'imperfection du langage, tandis qu'il existe d'autres aspects du silence qui nuancent cette affirmation. D'une part, le silence peut être constitutif du langage, le soutenir et le construire. D'autre part, il peut dépendre de facteurs extérieurs au langage. Il ne faut donc pas considérer le silence comme simple conséquence d'un langage inadapté et incomplet, mais comme un concept polysémique dont les raisons sont multiples. [...]
[...] Ici, le problème se distingue : le silence n'est-il pas aussi autre chose que seulement l'élément antithétique du langage, ne fait-il pas parfois partie de la communication ? Où est-ce simplement un terme détaché de la binarité de ces deux opposés, indépendant du langage et défini sans lui ? Nous attaquerons le sujet par une première approche qui laissera entendre que le silence semble bien être un échec du langage. Nous franchirons ensuite les barrières de cette première opinion et nous adresserons alors un silence constitutif au langage. Dans une ultime partie, nous soulignerons les caractéristiques d'un silence indépendant au langage. I. [...]
[...] Résultat : plus souvent que nous ne le voudrions, nous nous retrouvons face à l'inaptitude d'exprimer ce que nous souhaitons exprimer par le moyen du langage ce qui nous résout alors à un silence forcé. À travers un verre plus critique nous apparaît alors la question : ce dernier silence énoncé, n'est-il pas justement le moyen d'exprimer cet ineffable ? Ne peut-on pas se comprendre également par le silence qui compose ces moments ? Le silence n'est-il pas alors composant du langage plutôt qu'absence de celui-ci ? [...]
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