La littérature est souvent dénoncée comme inutile ou futile : Gustave Flaubert, dans son Dictionnaire des idées reçues, la définissait ainsi : « occupation des oisifs ». On dit souvent aussi à propos de rêves illusoires : « c'est de la littérature ». Il serait facile de ne voir dans ces jugements que des « idées reçues », des préjugés d'ignorants insensibles aux charmes des Belles-Lettres. Mais il est frappant que les écrivains eux-mêmes s'en fassent l'écho. Ainsi Jean-Paul Sartre déclara : « Que signifie la littérature dans un monde qui a faim ? » Sa réflexion n'a rien d'une boutade, elle correspond à une réflexion angoissante : face aux pires maux qui touchent l'homme, comme la malnutrition, la guerre, les injustices, que peuvent les mots?
Il est difficile de nier l'impuissance des écrivains devant les misères humaines, ni même parfois leur indifférence. Il est cependant surprenant que Jean-Paul Sartre, qui a consacré une grande partie de sa vie et de ses œuvres à l'engagement, s'en tienne à un tel jugement. La littérature ne peut-elle jouer un rôle pour améliorer la situation des affamés?
[...] Dans Qu'est-ce que la littérature ? Jean-Paul Sartre insiste sur cette fonction de son art : Écrire, c'est donc à la fois dévoiler le monde et le proposer comme une tâche à la générosité du lecteur parler, c'est agir et il reprend la formule de Brice-Parain, pour qui les mots sont des pistolets chargés Victor Hugo disait : Le beau n'est pas dégradé pour avoir servi à la liberté Il ne disait cependant pas qu'il est dégradant, que le beau ne serve pas la liberté. [...]
[...] La libération, dit-il alors, est une fonction de l'art. Cet exemple montre combien la dénonciation de la faim est liée à celle de toutes les injustices, dont elle est souvent la conséquence. Avant le XXe siècle, La Bruyère, dans un passage célèbre des Caractères, décrivit le dénuement des paysans. Candide dénonce l'égoïsme et l'inconscience des philosophes plus préoccupés d'une métaphysique creuse que de la réalité, mais dénonce aussi la guerre, l'Inquisition, l'esclavage. Les Misérables de Victor Hugo évoquent les souffrances du peuple, Germinal d'Emile Zola, l'exploitation des ouvriers. [...]
[...] La signification de la littérature est donc à la fois nulle et primordiale dans un monde qui a faim : engagée, elle est puissante ; purement esthétique, elle représente l'extrême pointe des aspirations humaines. Dans Situations IX, Jean-Paul Sartre résume ces contradictions : J'ai perdu bien des illusions littéraires. [ . ] Mais il me reste une conviction dont je ne démordrai pas : écrire est un besoin pour chacun. C'est la forme la plus haute du besoin de communication. [...]
[...] Ainsi, Jean-Paul Sartre déclara : Que signifie la littérature dans un monde qui a faim ? Sa réflexion n'a rien d'une boutade, elle correspond à une réflexion angoissante : face aux pires maux qui touchent l'homme, comme la malnutrition, la guerre, les injustices, que peuvent les mots ? Il est difficile de nier l'impuissance des écrivains devant les misères humaines, ni même parfois leur indifférence. Il est cependant surprenant que Jean-Paul Sartre, qui a consacré une grande partie de sa vie et de ses œuvres à l'engagement, s'en tienne à un tel jugement. [...]
[...] Que signifie la littérature dans un monde qui a faim ? Sujet Jean-Paul Sartre s'était posé la question suivante : Que signifie la littérature dans un monde qui a faim ? Vous essaierez de donner une réponse personnelle à cette question en vous appuyant sur des exemples précis. Notes Ce sujet pose en fait un problème plus large : l'utilité de la littérature face aux grands maux de l'humanité, ceux de la malnutrition du tiers monde, mais aussi de la guerre, des injustices. [...]
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