S'interroger sur la signification de l'expression ''être de son temps'' ne revient pas à se demander en bloc si l'on peut être de son temps ou non, s'il est possible de ne pas s'y inscrire. C'est avant tout comprendre, bien plus que les relations entretenues avec ce qu'on appelle banalement ''notre temps'', ce que veut réellement signifier ''être de son temps''.
Tout le monde semble la dire, la grande parade "d'être de son temps", tout le monde semble l'avoir inscrite au bout de ses lèvres sans pour autant connaître d'où proviendrait cette expression populaire devenue désormais banale, aux origines perdues, car forcément trop lointaines.
Mais de quel temps parle-t-on lorsqu'on vient à conseiller quelqu'un d'être de son temps''? Certes, à première vue ''être de son temps'' ne possède aucune ambiguïté sémantique. ''Mon temps, dans lequel je vis, est en effet le mien. Cela signifie que j'y suis, je dirais comme incrusté.'' dit l'Homme.
Pourtant, le sens n'en demeure pas moins équivoque: être de mon temps, en signifiant bien mon intégration au temps qui est le mien, fait surtout naître un doute quant au possessif de ce temps.
Si ''être de son temps'' signifie l'adéquation entre moi et mon temps (dans lequel je suis certes inscrit) cette affirmation implique-t-elle nécessairement que le temps me soit véritablement mien, dans le sens où je pourrais le définir comme ''mon propre temps''?
L'expression perd de son évidence à l'instant même où je tente de comprendre dans quelle mesure mon temps semble être mien.
[...] Que signifie ''être de son temps''? S'interroger sur la signification de l'expression ''être de son temps'' ne revient pas à se demander en bloc si l'on peut être de son temps ou non, s'il est possible de ne pas s'y inscrire. C'est avant tout comprendre, bien plus que les relations entretenues avec ce qu'on appelle banalement ''notre temps'', ce que veut réellement signifier ''être de son temps''. Tout le monde semble la dire, la grande parade d'être de son temps, tout le monde semble l'avoir inscrite au bout de ses lèvres sans pour autant connaître d'où proviendrait cette expression populaire devenue désormais banale, aux origines perdues, car forcément trop lointaines. [...]
[...] Être de son temps, c'est d'abord être en harmonie avec notre temps, s'y épanouir admirablement, quitte à voir se profiler dans l'ombre un temps social imposé, fils de contrainte, que nous n'avons pas choisi, mais que l'on finit par considérer comme notre puisqu'il nous est nécessaire,tout en acceptant de se faire enfermer dans une période finalement arbitraire et lucidement construite. Mais être de son temps, c'est aussi se voir limiter au simple présent, en d'autres termes, cette expression peut s'apparenter à l'attitude restrictive d'être présent à son présent, ancré dans l'instant même où nous vivons. Alors, être de son temps? [...]
[...] Être de son temps: la norme nous est imposée -avec charme- il est vrai. Pourtant, cette expression soulève un envers moins joyeux: en sous entendant une norme autoritaire, être de son temps relève alors d'une contrainte, et ce temps imposé devient de plus en plus harcelant pour celui qui tente de le suivre. Qu'entendons-nous par là? Simplement que sans la haute autorité normative qu'est son temps, sa camisole régulière et pendulatoire, l'homme se disperserait sous une charge de temps culturels différents, où est mon temps, où est mon temps, s'écrierait-il en ne sachant plus quoi trouver. [...]
[...] C'est vrai, ça: cette volonté d'être de son temps suppose déjà de savoir jusqu'où peut-on aller. En ce sens, on voit donc se dessiner une conception du temps mesuré et découpé en tranche, dépecé de manière précise. Aristote n'affirmait-il pas, du haut de ses quelques siècles, que le temps était une donnée mesurable et quantifiable? Ainsi, notre temps se délimite des autres temps, dorénavant démodés et relégués aux cachots de n'être plus. Il convient donc de comprendre où s'arrête notre temps pour en saisir toute la profondeur, ce qui nous permet alors de savoir qui n'est pas de son temps. [...]
[...] Ne devrait-on pas voir dans cette volonté de se situer un besoin de s'orienter, de savoir notre place, et jusqu'où nous sommes capables de nous investir dans ce temps qui est ''nôtre''? Reprenons donc. Nous avons vu qu'être de son temps impliquait la prise en compte du temps social dans lequel on trouve une place parmi d'autres individus et que l'on suit constamment. En ce sens, je serais en harmonie avec mon temps en le suivant et l'investissant pleinement. Investir quoi? [...]
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