Signification, espace, lieu, création romanesque, personnage
Chacun se souvient des lieux où il a vécu les moments forts de sa vie. Parfois on y retourne pour tenter de retrouver certaines émotions. Ou bien, à l'évocation d'un souvenir : « C'était là que… » Ces moments forts le sont parce qu'ils nous ont construit, ils ont pour nous un sens. De là le lien indestructible entre sens et espace. Au même titre que le temps, le lieu et l'espace sont le cadre indispensable et récurrent duquel les évènements tirent force, unicité, et sens. Il en est de même dans la création romanesque. Qu'il s'agisse de l'auteur ou de l'histoire elle-même, aucun ne peut à proprement parler créer s'il n'a pas au préalable un endroit où poser l'œuvre future. Mais lorsqu'il est question de romanesque, et non plus de réalité, l'espace et les lieux ne sont pas fortuits : ils sont choisis, car ils expriment autre chose et plus qu'une simple nécessité. Ils sont un cadre structurel, dont la signification se répercute sur l'action, laquelle en retour étoffe le sens de l'espace qui l'accueille.
[...] Ainsi ce choix relève d'une intention intéressée, par là même il n'est nullement innocent. Et cela est très clairement visible dans un roman comme Jacques le Fataliste de Diderot, dont nous remarquons aussitôt le caractère picaresque. Il est évident, dans le genre picaresque, que l'action découle directement de l'espace que visite le héros. Si Jacques est fataliste, c'est notamment parce qu'il lui arrive toutes sortes d'imprévus, quel que soit l'endroit, le lieu où il se trouve, et que ces péripéties sont toutes consécutives au lieu précis où il se tient. [...]
[...] Les trois caractères de l'identité se retrouvent dans le cadre spatial. Le choix d'un espace particulier et défini contribue à réaliser l'unité du roman. Cet espace peut être plus ou moins étendu, diversifié, mais il est toujours un, dans un souci de cohérence et de bon sens : une même histoire ne peut se dérouler dans deux lieux totalement indépendants, ne serait-ce que parce qu'elle les lie. Ainsi, cet espace, s'il s'étend au fur et à mesure de l'histoire, reste néanmoins toujours le même (ipséité). [...]
[...] Parfois on y retourne pour tenter de retrouver certaines émotions. Ou bien, à l'évocation d'un souvenir : « C'était là que » Ces moments forts le sont parce qu'ils nous ont construit, ils ont pour nous un sens. De là le lien indestructible entre sens et espace. Au même titre que le temps, le lieu et l'espace sont le cadre indispensable et récurrent duquel les évènements tirent force, unicité, et sens. Il en est de même dans la création romanesque. [...]
[...] Ainsi fait-il, en présence du lecteur qui l'accompagne dans sa cellule, surgir un sens nouveau et inattendu à cette prison, en en faisant une sorte de petit paradis terrestre – son paradis. C'est donc, finalement, un lieu aimable, qui apprend à aimer. L'espace et le lieu sont à l'évidence de puissants signifiants, aussi bien structurels et diégétiques que personnels et intimes. Ce qui est moins évident est la rétrospection qu'opère celui qui le contemple : la relation qui unit l'espace et le personnage est dialectique. [...]
[...] L'espace construit le personnage, qui y trouve un sens personnel ; une fois ce sens explicité, il retourne au lieu particulier. Il existe donc une relation de réciprocité qui fait sens dans la création romanesque, puisque le lieu et l'espace, en tant que déterminations extérieurs et circonstancielles, contribuent à générer la fable libre et imprévisible du roman. [...]
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