Tantôt désigné comme la rédemption de l'homme, tantôt comme une malédiction, notre vocabulaire fait un usage peu économe du mot travail. A ce dernier sont prêtées différentes définitions et conceptions, qui font du travail une notion complexe. Ainsi on emploie le verbe « travailler » pour désigner l'activité de l'ouvrier, du cadre, mais aussi de l'enfant qui apprend à l'école ou de l'artiste qui peint son oeuvre. Il est difficile, à première vue, de saisir le point commun de toutes ces activités. Travailler semble renvoyer à toutes activités socialement rentable et intéressée. Cette définition permet de ne pas confondre travail et loisir (activité désintéressée dont la motivation principale est le plaisir qu'on y trouve). Mais la définition du travail ne se réduit pas dans ces termes. Notre conception du travail fait varier sa définition, qui elle-même semble varier en fonction de la conception que nous nous faisons de la condition de l'homme dans le monde. De fait, si on considère l'homme naturellement inadapté au monde, le travail va devenir une médiation entre les deux. Nous lions donc immédiatement l'homme et le travail, mais est-ce si évident ? N'y a-t-il pas d'autres variables venant se glisser entre les deux termes ? Cela revient à se demander : seul l'homme travaille-t-il ? ou même : le travail est-il le propre de l'homme ? Nous verrons que le travail, en droit, est propre à l'homme. Mais est-ce réellement une activité réservée exclusivement à ce dernier ? D'autre part, dans qu'elle mesure, en fait, peut-on réellement parler de travail ?
[...] En effet, les chiens d'aveugles sont un exemple frappant. Ces derniers doivent s'adapter à toutes sortes de situations imprévisibles. Ils doivent notamment signaler des objets à la personne aveugle ou contourner des obstacles tout en évoluant dans une foule. Ce qui est un véritable travail d'improvisation qui demande l'exercice de l'intelligence pratique. D'autre part, les éléphants dans les forêts au nord de l'Inde. Contrairement à ce que l'on peut penser, les cornacs ne s'initient que très peu dans le travail des éléphants. [...]
[...] Cela revient à se demander : seul l'homme travaille-t-il ? ou même : le travail est-il le propre de l'homme ? Nous verrons que le travail, en droit, est propre à l'homme. Mais est-ce réellement une activité réservée exclusivement à ce dernier ? D'autre part, dans qu'elle mesure, en fait, peut-on réellement parler de travail ? Comment vivre dans un monde dans lequel on est naturellement inadapté ? Deux réponses viennent immédiatement à l'esprit : cesser de vivre ou transformer le monde. [...]
[...] Le travail doit être une activité constitutive de la vie de l'homme, sans quoi l'humanité sombrerait. Le travail peut donc être conçu comme une vertu propre à l'homme. Seul l'homme travaille, car le travail peut apporter des biens faits seulement à l'homme. Le travail est un médium majeur pour l'homme. C'est ainsi qu'il est analysé en psychanalyse par Freud, dans Le malaise de la civilisation. Le travail professionnel est indispensable à chaque être humain. C'est un espace privilégié de la construction du sujet. [...]
[...] C'est notamment ce que relate le mythe de Prométhée, l'homme est une espèce naturelle au même titre que les plantes et les animaux. Tous se distinguent des dieux en ce qu'ils sont mortels. Leur existence se déploie dans le temps à la différence des dieux qui sont immortels. L'espèce humaine se distingue des autres en ce qu'elle est victime de l'imprévoyance d'Epiméthée. Le répartiteur des dons la constitue négativement comme celle qui manque des attributs propres à assurer naturellement sa conservation. [...]
[...] Peut-on encore parler de travail, lorsque en vendant sa force, le travailleur devient étranger à son travail ? Marx dénonce le travail dans le système capitaliste en le décrivant comme aliénant ; le travail devient une dépossession psychologique (le travailleur ne s'appartient plus, il vend son propre corps avec sa force au patron) et une dépossession économique (il est privé de l'objet produit, il est donc confronté à l'impossibilité de reconnaissance). L'homme n'étant plus propriétaire des biens qu'il produit, il ne s'appartient plus lui-même. [...]
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