Ne serait-il pas plus juste de dire:"Je suis mon corps", plutôt que "j'ai un corps"?

Résumé du document

Nous avons tendance à dire, sans vraiment y réfléchir et sans que cela n'exprime de parti-pris dualiste:"J'ai un corps". Pourtant, ce corps n'est-il pas ce qui fait notre personne? Dans quelle mesure? Quel est le lien entre le corps et l'esprit?
Avons nous un corps ou sommes nous notre corps?

Nous sommes avant tout un corps. Même en étant dualiste, il serait difficile de le nier. Nous sommes ce corps, c'est la première chose que les autres voient de nous. On ne peut ni le nier, ni en "sortir". On ne peut pas non plus réellement l'oublier car nous recevons constamment des sensations physiques, agréables ou désagréables, qui nous rappellent l'existence de ce corps. C'est ce qui arrive au narrateur de La Nausée, de Jean Paul Sartre, qui prend conscience à travers des sensations physiques, comme le fait d'avaler sa salive, que ce corps: cette main, cette gorge...c'est lui.

Extraits

[...] Mais est-il cependant indispensable de faire une telle distinction entre le corps et l'esprit ? On ne peut pas dire que l'homme se réduit à un corps mais pourtant le corps et l'esprit sont étroitement liés. C'est la psychanalyse qui a mis ce lien le plus en avant. Dans les Cinq leçons sur la psychanalyse, par exemple, Freud explique comment des troubles psychologiques (comme un refoulement non réussi, par exemple) peuvent avoir des conséquences sur la santé physique du malade. [...]

[...] La pensée parait plus "impalpable", plus spirituelle que les actes exécutés par le corps. Nous ne sommes pas que des sensations. Nous ressentons aussi des intuitions, des sentiments . La conscience de transcendantale, va beaucoup plus loin que la simple conscience de son corps. Avoir conscience de soi, de sa pensée, ne se fait pas par le corps. Le du cogito, selon Descartes est purement spirituel. Il y a aussi des techniques de méditation qui permettent, par le biais de relaxation et "d'oubli" du corps, d'atteindre des états particuliers de la conscience, des sortes d'extases. [...]

[...] Ne serait-il pas plus juste de dire suis mon corps", plutôt que "j'ai un corps"? Nous avons tendance à dire, sans vraiment y réfléchir et sans que cela n'exprime de parti-pris dualiste:"J'ai un corps". Pourtant, ce corps n'est- il pas ce qui fait notre personne? Dans quelle mesure ? Quel est le lien entre le corps et l'esprit ? Avons-nous un corps ou sommes-nous notre corps ? Nous sommes avant tout un corps. Même en étant dualiste, il serait difficile de le nier. [...]

[...] On peut déceler si quelqu'un est triste, s'il a peur, par le langage de son corps, même inconscient. Le corps "trahit" souvent nos pensées, notre état d'esprit ou nos intentions. Ce qui montre que le corps et l'esprit sont liés, aussi étroitement "qu'un pilote en son navire" comme l'a écrit Descartes, qui pourtant était dualiste. Nous pouvons donc dire qu'il n'y a qu'une distinction"morale" à faire entre le corps et l'esprit puisqu'ils sont tout de même très liés. Nous sommes donc un corps, plus que nous n'avons un corps. [...]

[...] Désormais, on est capable d'expliquer scientifiquement les émotions ou les sentiments par exemple. Ces progrès ne laissent plus de place au dualisme et montrent que tout ce qui était considéré comme propre à l'âme se fait en réalité par le corps. Nous pouvons donc en conclure qu'en effet, nous n'avons pas seulement un corps, mais que nous sommes ce corps. Pourtant, n'est-ce pas réducteur de limiter l'être humain à son corps ? En effet, nous sommes un corps, il serait inutile de le nier, mais nous ne sommes pas seulement cela. [...]