La séparation du public et du privé est un thème majeur de la pensée politique moderne. Pourtant, elle n'est plus une réalité qui va de soit. En effet, dans un monde en perpétuelle évolution, la notion de public et de privé semblent de plus en plus difficile à saisir et donc à définir. Aussi, avant d'esquisser une définition de ces deux domaines, peut on se demander si cette distinction possède aujourd'hui encore une quelconque réalité ou si l'interdépendance des sphères, le mélange des domaines n'a pas au contraire eu raison de cette distinction multiséculaire?
[...] Mais pour autant, peut on affirmer avec Arendt (chapitre paragraphe 'que la contradiction entre le privé et le public, caractéristique des premières étapes de l'époque moderne, est un phénomène temporaire qui annonçait l'effacement de la différence même entre domaine public et domaine privé, l'un et l'autre résorbés dans la sphère du social'. Autrement dit, hors de la sphère sociale, n'existerait il plus ni un domaine public, ni un domaine privé? Et d'abord que peut on considérer comme public aujourd'hui? En effet, on peut penser que, malgré la croissance de la sphère sociale, il existe encore, quelque part, un domaine public, aisément identifiable. Pour Arendt, (chap para le domaine public serait 'un monde commun qui nous rassemble mais aussi nous empêche de tomber les uns sur les autres'. [...]
[...] Cette évolution a tout d'abord était qualifiée de publicisation du droit privé. En fait, on a compris plus tard, qu'il fallait considérer le même processus du point de vue symétriquement opposé et complémentaire, processus tendant à une privatisation du droit public. Ce droit social, formé à la fois d'éléments de droit privé et d'éléments de droit public aboutit par exemple à restreindre les droits qui règlent la propriété afin de rétablir l'égalité formelle des contractants dans certains types de relations sociales. [...]
[...] Dans un tel système, si le domaine public a besoin du domaine privé pour exister, puisque c'est la possession d'esclave qui permet aux citoyens de participer à la vie de la Cité, il ne tire pas pour autant sa légitimité du domaine privé. Au contraire, les deux ordres d'existence sont en opposition, la séparation du public et du privé se référant à une double essence de la nature humaine, à deux humanités. A cette stricte séparation entre public et privé chez les anciens succède, malgré un vocabulaire identique, une vision différente chez les modernes. Cette vision différente permet de mettre en valeur la relativité de la séparation public privé. [...]
[...] Et plus généralement la séparation public privé a-t-elle encore un sens dans un monde en mouvement permanent? Ce qui est sur, c'est que depuis la fin du XIXème siècle, on assiste à un double phénomène qui remet en cause la théorie de l'espace public bourgeois et complexifie un peu plus les relations public privé. En effet, la séparation entre l'ETat et la société civile, base du modèle habermassien de la sphère publique bourgeoise, semble progressivement s'effriter devant l'interpénétration croissante de la sphère publique et de la sphère privée. [...]
[...] C'est par ce processus de décentralisation que la conscience moderne devient reflexive c'est à dire qu'elle devient capable de porter un regard critique sur ses propres pratiques organisationnelles. C'est ce nouveau rapport au monde, crée par le processus d'individualisation et de décentralisation qui est politiquement organisé autour de la séparation entre la société civile et l'Etat. Le discours et la pratique politique qui naissent alors se référent largement au modèle de la sphère publique hellénique. Néanmoins, cette référence est purement normative. Les concepts empruntés de public et de privé prennent un sens nouveau et se rapportent à une forme inédite de société. [...]
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