L'apathie se conçoit de diverses manières mais il apparaît indéniable que l'apathie renvoie immanquablement à une certaine indifférence ou insensibilité, qui se concrétise par une attitude passive.
Le sentiment d'habitude ne serait autre chose que la conscience de nos actes ou autres faits répétitifs. Une telle prise de conscience peut-elle avoir pour effet de rendre apathique ?
L'on peut en effet s'interroger sur le point de savoir si l'apathie est une conséquence potentielle du sentiment d'habitude, et si tout sentiment d'habitude aboutit à faire de celui qu'il touche une personne apathique.
Et dans l'hypothèse affirmative, le seul sentiment d'habitude pourrait-il suffire, ou n'est-ce qu'un élément parmi d'autre ayant concouru à ce résultat ?
[...] Relevons tout d'abord l'antagonisme qui semble transparaître entre ces deux notions. Le sentiment d'habitude, à savoir, comme nous l'avons dit précédemment, la conscience que nous avons de la répétition de nos actes, relève, tel que son nom l'indique, de la sphère du ressenti. L'apathie, bien au contraire, s'écarte de cette sphère puisqu'elle se caractérise par une absence de réaction, une indifférence à l'émotion. De prime abord, il pourrait sembler paradoxal qu'un sentiment puisse aboutir à l'insensibilité. A moins de concevoir que ce sentiment se soit trouvé à un tel point exacerbé qu'il ait conduit à annihiler ce ressenti pour céder la place à l'insensibilité. [...]
[...] En conclusion, oui, le sentiment d'habitude peut rendre apathique. Dans quelques cas rares, qui semblent plus relever de l'exception, le sentiment d'habitude rend apathique mais cette situation est vécue sainement et légèrement. Dans, semble-t-il la plupart des hypothèses, le sentiment d'habitude participe à constituer l'état apathique, négativement considéré, mais ce n'est pas cette conscience seule de la répétition de nos actes qui aboutit à nous rendre indifférent ou passif. Notre société occidentale prône à tort ou à raison l'individualisme, elle met également en avant la rentabilité, l'efficacité. [...]
[...] Un ouvrier, éprouvant un sentiment d'habitude en raison du travail à la chaîne qu'il exécute, peut-il plonger dans l'apathie ? Il semble qu'il faille répondre par l'affirmative. En effet, le fait même qu'il continue à accomplir sa tâche alors qu'il éprouve un sentiment d'habitude, et probablement la lassitude concomitante, peut potentiellement le plonger dans l'apathie. Si la persistance dans l'accomplissement de ce travail est volontaire, l'apathie semble caractérisée puisque l'individu demeurera volontairement passif, ne modifiant pas sa situation, bien qu'il ait conscience de l'habitude et de son aspect déplorable. [...]
[...] Est-ce à dire qu'il est apathique ? Remarquons tout de même que l'apathie, par l'anesthésie cérébrale qu'elle peut engendrer, permet également à l'individu subissant l'habitude, et ressentant négativement celle-ci, de mieux supporter une situation qui ne le satisfait pas. Il se trouvera en effet plonger dans l'indifférence tant concernant ses désirs que ses émotions. Après avoir vu que le sentiment d'habitude pouvait rendre apathique, voyons si ce seul élément peut aboutir à cette conséquence. Ce sentiment est-il si profond qu'il entraîne un effet aussi lourd ? [...]
[...] Le sentiment d'habitude peut-il rendre apathique ? Avant tout, il apparaît nécessaire de définir ce qu'est le sentiment d'habitude, à distinguer de l'habitude elle-même. C'est pour nous devenu une habitude de mettre notre ceinture lorsque nous montons en voiture, est-ce à dire que nous ressentons un quelconque sentiment d'habitude lorsque nous réalisons ce geste quotidien ? L'habitude est une manière d'agir, un état d'esprit acquis par la répétition fréquente des mêmes actes, des mêmes faits, selon la définition la plus commune que l'on retrouve dans les dictionnaires de la langue française. [...]
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