Il nous faut absolument un sens à la vie pour vivre. J'entends par cela un sens ultime. Parce qu'il y a des sens, plusieurs petits sens, car presque tout fait sens chez l'être humain, ce n'est pas tout à fait suffisant. Globalement, l'ensemble des valeurs, qui, pris une à une, crée un sens particulier, doit converger en définitive vers un sens englobant et définitif, qui vient apporter une réponse à la question du pourquoi il faut lutter et vivre. S'il faut lutter pour la paix, pour que justice soit faite, pour que tous aient le minimum pour subsister et se développer harmonieusement, pour changer nos rapports entre homme et femme, etc., il n'en demeure pas moins que, si tout cela est noble et indispensable, ce n'est pas encore suffisant pour donner un sens à la vie. La raison en est que nous ne parviendrons jamais à instaurer la paix, qui est un idéal utopique. Mais il nous faut persévérer.
Et, justement, persévérer au nom de quoi, pour quelle raison? Parce qu'il y a fondamentalement un sens à la vie. Malheureusement, ce sens n'est pas rationnel. C'est-à-dire que lorsqu'on est athée, la vie n'a plus aucun sens. Les religions étaient justement ce qui nous indiquait un sens. Leurs messages, l'amour, la béatitude, la vie après la mort, étaient véritablement efficaces et concluants. Mais il nous faut admettre qu'elles s'adressaient à des gens qui n'étaient pas tout à fait matures, qu'ils ne pensaient pas par eux-mêmes. C'était une forme d'infantilisme. Il nous faut donc penser la vie après la foi et la disparition des religions. Plusieurs penseurs ont trouvé des réponses, et c'est avec eux que nous cheminerons.
[...] Ce que proposait, à une certaine époque, le stoïcisme. liberté consiste ainsi dans la connaissance des causes de l'action. Plus on connaît le monde, plus on connaît Dieu, par conséquent plus on est joyeux.» Il nous faut, pour se faire, utiliser notre entendement (éternel) plutôt que notre imagination qui crée nos passions, qui, elles, peuvent être rationalisées et se transformer en action. L'Ethique de Spinoza nous propose donc, comme couronnement de notre puissance d'agir, la joie. Et celle-ci vient donner un sens à notre vie. [...]
[...] C'est ici qu'entre en ligne de compte le véritable sens de la vie. Soit la joie sans condition. Mais il nous faut tout de même faire une distinction entre la joie et les petites joies. Donnons un exemple. Lorsqu'un ami nous appelle pour nous dire qu'il viendra souper et passer la soirée avec nous, nous passons la journée joyeusement en anticipant les beaux moments que nous allons vivre. Mais notre ami a un imprévu et ne peut plus venir, alors nous ressentons de la déception et une forme de tristesse passagère. [...]
[...] Ce qui contaminera aussi la littérature russe. On se demande alors, si la vie n'a plus de sens, qu'est-ce qui étanchera notre soif d'absolu. Plus près de nous, Albert Camus mentionne, dans Le mythe de Sisyphe, que la vie est absurde, étant donné qu'elle n'a pas de sens rationnel. Environ à la même époque, le philosophe analytique Moore, de tradition anglo-saxonne, affirmera que, concernant la morale, on ne peut pas donner une définition rigoureusement rationnelle de ce qu'est le bien. [...]
[...] S'il faut lutter pour la paix, pour que justice soit faite, pour que tous aient le minimum pour subsister et se développer harmonieusement, pour changer nos rapports entre homme et femme, etc., il n'en demeure pas moins que, si tout cela est noble et indispensable, ce n'est pas encore suffisant pour donner un sens à la vie. La raison en est que nous ne parviendrons jamais à instaurer la paix, qui est un idéal utopique. Mais il nous faut persévérer. Et, justement, persévérer au nom de quoi, pour quelle raison? Parce qu'il y a fondamentalement un sens à la vie. Malheureusement, ce sens n'est pas rationnel. C'est-à-dire que lorsqu'on est athée, la vie n'a plus aucun sens. Les religions étaient justement ce qui nous indiquait un sens. [...]
[...] Ce n'est ainsi pas ce que l'on entend par la joie. Définissons-la par ses opposés, par la négative. Il semble évident que les deux plus grands ennemis de la joie soient la tristesse et l'ennui. Si la tristesse est la plupart du temps passagère, il n'en est rien de l'ennui. Quand plus rien ne nous captive et ne nous intéresse, l'ennui s'installe insidieusement. Sur ce phénomène particulier, il faut lire les pages pénétrantes de Schopenauer dans Le Monde comme volonté et comme représentation. [...]
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