Lorsqu'Arthur Rimbaud, dans sa Lettre du voyant adressée à Paul Dumeny, déclare que « Je est un autre », il s'attaque avant tout à la conception antique de l'art et souhaite marquer la distance qui sépare sa propre poésie de la poésie antique, dont le modèle a dominé la doctrine classique française.
Ainsi, il ne considère pas que l'œuvre de l'artiste est le fruit de sa seule volonté consciente, mais plutôt que celui-ci « assiste à l'éclosion » de son œuvre « dans les profondeurs » de son être, et qu'amener l'œuvre sur son support physique (une toile, un instrument de musique) est un « bond sur la scène » de la réalité que l'artiste lui fait faire. Il semblerait alors que le sujet humain en tant que substance pensante ne soit plus entièrement maître de soi, puisqu'il existe en l'homme une source d'inconnu incontrôlable, une part d'étrangeté qu'il ne maîtrise pas et qui paraît être à l'origine de certaines de ses actions, ou encore la source de ses créations, et qui, surtout, se met soudain à exister spontanément et indépendamment de la volonté de l'homme.
[...] En effet, dire Je signifie que l'individu engage son identité. Or, l'identité est un ensemble qui se construit avant tout dans le temps. Cet ensemble est composé des Je passés, du Je présent et surtout des Je futurs. Autant de Je qui constituent des moi différents en fonction de l'époque considérée (on est différent aujourd'hui de celui qu'on était il y a dix ans et de celui qu'on sera dans dix ans), mais que l'homme associe entre eux pour se constituer une identité, parce qu'il est doté d'une conscience réfléchie qui lui permet de concevoir ses multiples Je comme des objets différents, et pourtant comme appartenant à un tout. [...]
[...] En quel sens dire que Je est un autre ? Devoir de philosophie de Lorenzo Colombani Lorsqu'Arthur Rimbaud, dans sa Lettre du voyant adressée à Paul Dumeny, déclare que Je est un autre il s'attaque avant tout à la conception Antique de l'art et souhaite marquer la distance qui sépare sa propre poésie de la poésie Antique, dont le modèle a dominé la doctrine classique française. Ainsi, il ne considère pas que l'œuvre de l'artiste est le fruit de sa seule volonté consciente, mais plutôt que celui-‐ci assiste à l'éclosion de son œuvre dans les profondeurs de son être, et qu'amener l'œuvre sur son support physique (une toile, un instrument de musique) est un bond sur la scène de la réalité que l'artiste lui fait faire. [...]
[...] Cette séparation est, selon Nietzsche, artificielle. Le philosophe jette le soupçon sur la conscience des rationalistes, sur ce sujet-‐substance, et considère le corps comme la grande raison Nietzsche met en exergue l'inconscient, c'est-‐à-‐dire ce qui n'apparaît pas clairement à la conscience réfléchie. Il considère ainsi que la cause des actions accomplies par l'homme ne se trouve pas dans sa volonté, dans sa conscience réfléchie, mais dans des pensées inconscientes et jacentes, qui sont le reflet des pulsions du troupeau corps. [...]
[...] Plus tard, il en concevra des interrogations sur sa personne, sur sa condition en tant qu'être humain parmi les autres, sur sa constance. Somme toute, il réfléchira sur lui. Il dira : Qui ? c'est-‐à-‐dire Qui est Je ? Mais si l'homme est capable de se distinguer de ses congénères en disant Je, comment se retrouver dans l'autre, puisqu'a priori, en s'affirmant comme sujet, il s'en écarte justement ? Lorsque les autres individus ou groupes d'individus sont identifiés, ils deviennent eux aussi l'objet de la réflexion de l'homme. [...]
[...] Et si l'on peut dire que Je est un autre, c'est parce qu'une culture, une ethnie, est faite de nombreux individus qui partagent des éléments de leur identité (nourriture, art). Ces sociétés, tout comme l'homme, se savent mortelles, et en cela elles partagent leur identité avec les individus qui la constituent. Ainsi, l'homme se reconnaît dans les œuvres de ceux qui partagent son identité, dire la connaissance qu'il a de son propre caractère mortel. Toute œuvre en tant que création humaine vouée à subsister renvoie l'homme à sa propre mortalité. [...]
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