Les sens semblent être la fonction par laquelle nous percevons le monde. Ils paraissent être parmi les données les plus élémentaires, les plus précoces et les plus universelles : dès la naissance, nous sommes en relation avec le monde et avec lui-même par la sensation, au travers duquel le monde semble se donner de lui-même, se présenter de lui-même à nous (...)
[...] Bien sûr, on aurait tort de les mépriser : Nous ne sommes qu'empiriques dans les trois quarts de nos actions et nous obtenons de cette manière des résultats en pratique très satisfaisants. Mais nous n'y développons aucune compréhension véritable du phénomène : nous enregistrons sa répétition, anticipons sa venue, observons ce que nos sens nous laisse voir, mais ainsi nous ne sommes en mesure de fournir aucune explication véritable. A tout cela s'ajoute la subjectivité : on ne perçoit jamais les choses de manière totalement neutre. [...]
[...] Mais a-t-on alors nécessairement besoin d'un raisonnement, d'une démarche intellectuelle et réfléchie pour acquérir des connaissances ? Si l'on réduit les sens à une fonction de pure réceptivité passive, ils ne peuvent rendre compte de façon effective d'aucune de nos connaissances, si simples soient-elles. Pour fournir la moindre connaissance, les sens ont besoin de la coopération des principales autres fonctions de l'esprit, comme en a témoignée l'expérience d'Alain avec le cube. Ainsi, il y a des objets, même parmi les réalités sensibles, c'est-à-dire susceptibles d'être atteintes par les sens, qui ne peuvent être atteints effectivement par eux que du fait d'une démarche intellectuelle par laquelle les représentations sensibles fournies par les sens sont transformées en connaissances véritables. [...]
[...] Il dit Il est deux formes de connaissances, l'une légitime, l'autre bâtarde. De la bâtarde relèvent tout ensemble la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher. En revanche la légitime en est distante Notons au passage que les objets de la connaissance légitime, ce sont pour Démocrite, les atomes et le vide : impossible, autrement dit, d'avoir à propos des atomes et du vide, une connaissance par les sens. De même, à la fin de la deuxième Méditation métaphysique, Descartes prend l'exemple d'un morceau de cire, qui vient d'être tiré de la ruche : il est dur, il est froid, relativement solide et si on le touche, il rend un son. [...]
[...] Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ? Les sens semblent être la fonction par laquelle nous percevons le monde. Ils paraissent être parmi les données les plus élémentaires, les plus précoces et les plus universelles : dès la naissance, nous sommes en relation avec le monde et avec lui-même par la sensation, au travers duquel le monde semble se donner de lui-même, se présenter de lui-même à nous. La sensation est une intelligence intuitive et immédiate, la prise de conscience d'un phénomène (le chaud, le froid, le sucré, le bleu), caractérisée par une réceptivité et une passivité pures. [...]
[...] La connaissance nécessiterait donc la rencontre et la synthèse de ce que les sens nous fournissent, autrement dit la constatation que ce que nous nous représentons correspond bien à ce que nous saisissons dans la réalité et ce que l'intellect nous fournit, autrement dit la mise en forme et en ordre des informations auxquelles les sens nous donnent accès, réalisée au moyen, d'opération intellectuelles et de raisonnements. En conclusion, on peut dire que les sens ne suffisent pas, à eux seuls, à nous procurer des connaissances. Le travail de l'intelligence est nécessaire à l'acquisition d'une connaissance véritable. Cependant, il faut souligner que toute opération intellectuelle est advenue à partir d'expériences sensibles, et on peut donc soutenir que toutes nos connaissances proviennent originairement de nos sens, mais que le raisonnement et l'intelligence les élaborent et leur confèrent une dimension objective et par là même universelle. [...]
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