Les premières interprétations s'exercent sur les textes sacrés, et ce faisant elles donnent à toute interprétation le modèle plus ou moins avoué, explicite de l'exégèse. Autrement dit, pour donner un sens à la notion d'interprétation, il convient de commencer par envisager le modèle exégétique.
Qu'est-ce qui caractérise ce modèle ? Dans l'exégèse, l'interprétation va du littéral [de la lettre] au caché, de l'apparent à ce qui est recelé. Le sens à découvrir – puisque l'objet de l'interprétation est bien d'atteindre un sens – est ainsi dans les mystères qui nous renvoient à la volonté de Dieu, et cette volonté reste inaccessible au profane [on oppose le religieux et le profane]. Il y a donc un sens à découvrir, et ce sens est accessible par le travail qui caractérise le modèle exégétique.
L'exégèse sépare ainsi ceux qui savent des non-initiés. Dans De l'interprétation, Ricœur [philosophe français contemporain] dit que « ce qui limite cette définition de l'herméneutique par l'exégèse, c'est d'abord sa référence à une autorité, qu'elle soit monarchique, collégiale ou ecclésiale » [l'herméneutique est l'étude de l'interprétation]. La définition de l'herméneutique, nous dit Ricœur, est limitée par le modèle de l'exégèse, et ce qui la caractérise, c'est, ajoute-t-il, la référence à une autorité, que celle-ci soit monarchique, collégiale ou ecclésiale.
Ici, le rôle de l'interprète est de déchiffrer une énigme sacrée, un sens caché qui demeure inaccessible au profane.
[...] L'interprétation n'aurait-elle finalement jamais à faire qu'à elle-même ? C'est ce que Foucault montre lorsqu'il soutient que l'interprétation est interminable du fait même qu'il n'y a rien à interpréter puisque tout est déjà interprétation (tel était déjà tout à l'heure la position de Nietzsche) : le signe n'est pas seulement ce qui demande interprétation, il n'est donc jamais le point de départ de l'interprétation, c'est-à-dire que l'interprétation, selon Foucault, procède selon un cheminement en cercle, c'est-à-dire qu'il faut déjà avoir un peu compris pour regarder ce qu'on interprète d'une façon qui permette de le comprendre. [...]
[...] On peut alors se demander si ce n'est pas l'artiste lui-même qui seul est susceptible de nous livrer l'interprétation adéquate [la bonne interprétation]. Le meilleur écrit sur l'art ne vaudrait pas alors une lettre de Cézanne [peintre français]. Il ne faut pas alors s'en remettre à la critique littéraire, mais seul l'artiste ou le créateur seraient susceptibles de nous fournir l'interprétation adéquate de son œuvre. Proust [philosophe français du XXe et écrivain] nous dit que l'œuvre échappe nécessairement à son auteur et alors, l'intention de l'auteur apparaît comme perdue d'avance. [...]
[...] Le sens auquel l'interprétation a affaire est-il un sens donné ou bien un sens construit ? 1. Le modèle de l'exégèse [ = interprétation de la Bible] Les premières interprétations s'exercent sur les textes sacrés, et ce faisant elles donnent à toute interprétation le modèle plus ou moins avoué, explicite de l'exégèse. Autrement dit, pour donner un sens à la notion d'interprétation, il convient de commencer par envisager le modèle exégétique. Qu'est-ce qui caractérise ce modèle ? Dans l'exégèse, l'interprétation va du littéral [de la lettre] au caché, de l'apparent à ce qui est recelé. [...]
[...] Le monde ainsi ne renvoie plus qu'à un ensemble infini d'interprétations, le monde ainsi se dissout dans des systèmes de signes. On a alors affaire avec Nietzsche à un renversement : l'interprétation n'a plus pour objet de déchiffrer du sens puisque c'est elle désormais qui crée tout le sens L'objectivité de l'interprétation L'interprétation peut-elle alors être privée de référent réel extérieur à elle ? Pour répondre à cette question, nous allons nous référer aux sciences de la nature car il apparaît que même dans ce domaine, l'interprétation est requise. [...]
[...] Le signe fonctionne comme un voile qui montre et cache à la fois. Cette ambiguïté du signe débouche nécessairement sur une pluralité des interprétations : parce que le signe est par définition ambigu, les interprétations sont nécessairement plurielles. L'ambiguïté du signe met donc en échec l'ambition de l'herméneute puisque celui-ci veut rendre raison de l'ensemble d'une série de phénomènes par une même interprétation. L'herméneute est ainsi dan l'erreur lorsqu'il affirme par exemple que tous les rêves sont la satisfaction d'un désir , car si le sens donné par le signe est ambigu, l'interprétation est plurielle. [...]
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