"L'art, au sens de la « technè » désignerait notre capacité spécifiquement humaine à produire de manière plus ou moins réglée un certain nombre d'objets, utiles à nos besoins ou destinés à satisfaire nos désirs. Mais l'art, au sens des beaux-arts, semble avoir pour but de créer des objets destinés à s'offrir librement à notre perception ; contrairement aux objets de l'art humain en général, qui visent avant tout à être utiles, les produits des beaux-arts ne nous invitent pas tant à la connaissance de leur principe de fonctionnement qu'à la contemplation sensible de leur présence : ils nous apparaissent donc en se livrant d'abord et avant tout à nos sens.
On peut alors se demander si le caractère spécifique des beaux-arts, au sein de l'art en général, ne consiste pas en la production d'objets qui ne s'adressent qu'à nos sens et au plaisir proprement esthétique qu'il suscite en nous dès que nous les voyons, les entendons, les touchons." (...)
[...] L'art ne s'adresse-t-il qu'à nos sens ? L'art, au sens de la technè désignerait notre capacité spécifiquement humaine à produire de manière plus ou moins réglée un certain nombre d'objets, utiles à nos besoins ou destinés à satisfaire nos désirs. Mais l'art, au sens des beaux-arts, semble avoir pour but de créer des objets destinés à s'offrir librement à notre perception ; contrairement aux objets de l'art humain en général, qui visent avant tout à être utiles, les produits des beaux-arts ne nous invitent pas tant à la connaissance de leur principe de fonctionnement qu'à la contemplation sensible de leur présence : ils nous apparaissent donc en se livrant d'abord et avant tout à nos sens. [...]
[...] Qu'on consomme et qu'on laisse «mourir» dans un coin de la maison. Donc là aussi, l'art ne s'inscrit plus dans la durée comme lorsqu'il s'agit de tableaux de grands peintres qui traversent les âges, mais vise le besoin immédiat et a tendance à être oublié dès qu'il a servi. En conclusion, ce qui, dans l'art, fait penser qu'il ne s'adresse qu'à nos sens c'est que nos sens étant notre rapport au monde le plus fondamental, c'est grâce à eux que nous prenons contact avec l'œuvre d'art. [...]
[...] Mais serait-il possible que l'art puisse s'adresser, en nous, encore à autre chose ? En effet, on a vu que l'art, au sens des beaux-arts, visait le jugement esthétique et le plaisir sensible procuré par celui-ci, ainsi que la réflexion et le jugement moral ou encore les connaissances que la réflexion peut nous apporter. Mais l'art pourrait également s'adresser en nous à autre chose ; quelque chose qui nous est fondamental : la recherche de l'utile. C'est-à-dire que, par exemple, l'art pourrait s'adresser en nous à notre simple besoin de divertissement. [...]
[...] De la même manière, nous prenons connaissance des œuvres d'art ; alors ce qui dans l'art peut faire penser qu'il ne s'adresse qu'à nos sens, c'est qu'il peut s'y adresser dans sa matérialité. C'est-à-dire que l'art, d'une manière générale, produit des objets qui sont accessibles à nos sens dans la réalité objective, de manière à ce que nous puissions les voir, les toucher ou encore les entendre car ils sont matériels. Ainsi, nous pouvons ; regarder les peintures et les sculptures qui ont été façonnées par la main de l'homme dans le temps; écouter les musiciens jouer de la musique ; toucher les œuvres qui peuvent l'être. [...]
[...] Toutefois, nous n'éprouvons pas exclusivement du plaisir face à une œuvre d'art car celle-ci ne se limite pas à nous apporter cette unique sensation à travers nos sens. Alors, on peut également dire que l'art s'adresse à nos sens quand son objet permet à l'homme de goûter la beauté, mais aussi le laid, le douloureux ou encore le tragique. C'est-à-dire que l'œuvre d'art, toujours au sens des beaux arts, ne se limite pas à tenter de créer du beau de façon à nous plaire et nous apporter une sensation de plaisir, mais elle cherche aussi à révéler la beauté dans la laideur. [...]
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