L'utopie est un terme créé au 16ème siècle par Thomas More, philosophe humaniste et homme politique anglais de la Renaissance. Du grec ou-topos : "lieu qui n'existe pas", et eu-topos, "lieu où tout est bien", l'utopie est un récit représentant un monde idéal, situé à distance du monde connu auquel il s'oppose souvent radicalement. A la suite d'Utopie de Thomas More, et de "l'abbaye de Thélème" dans Gargantua de Rabelais, l'utopie est devenue une tradition littéraire. Ainsi, les écrivains du siècle des Lumières, comme Montesquieu dans les Lettres Persanes, et Voltaire dans Candide et dans la Princesse de Babylone, et les oeuvres d'anticipation comme Le Meilleur des Mondes d'Huxley au 20ème siècle, transportent le lecteur dans un espace et une société imaginaire où les questions que pose le monde réel ne sont cependant pas absentes. Invraisemblance et profondeur coexistent. Face à cette double nature de l'utopie, on est amené à se demander si la fonction principale du genre est de favoriser l'évasion du lecteur dans l'irréel ou d'inciter à la réflexion celui qu'elle dépayse ainsi. Dans un premier temps, nous montrerons que le monde de pure fiction que présente l'utopie a pour but de faire rêver le lecteur. Puis nous nous demanderons si l'utopie n'a pas également pour fonction d'éveiller chez le lecteur un regard critique sur son propre monde. Enfin, nous nous interrogerons sur la manière dont les procédés de l'utopie parviennent à concilier l'imagination et la réflexion.
[...] Cependant, si la fonction du rêêve et du plaisir paraissent préédominantes dans l'utopie, cette dernièère est éégalement un laboratoire d'idéées nouvelles dans le domaine politique, social et moral, et elle contient une critique, souvent implicite, du monde tel qu'il est. Elle a donc éégalement pour but de faire rééflééchir le lecteur sur sa propre sociéétéé. Dans un second temps, nous allons nous interroger sur la portéée critique de l'utopie: d'une part, dans la contre-utopie de type futuriste, le rêêve tourne au cauchemar et l'atmosphèère inquiéétante qui y rèègne déénonce explicitement le rééel. [...]
[...] On constate en effet que bien souvent la rééalitéé déépasse la fiction, et àà l'heure oùù le clonage humain est sur le point d'êêtre rendu possible, les éécrivains et surtout les cinééastes amplifient les consééquences catastrophiques anticipéées dans le Meilleur des mondes, dans des films comme Bienvenue àà Gattaca ou Matrix. [...]
[...] Le monde " rêêvéé" préésente de nombreuses rééféérences, dans l'utopie et dans la contre-utopie, àà la rééalitéé : le lecteur n'en est donc pas déétournéé, il y est renvoyéé. Les mots "rééflééchir" et "rééflexion" peuvent êêtre alors pris dans leur sens propre : l'utopie joue un rôôle de miroir. Le "monde àà l'enver" montre la sociéétéé telle qu'elle devrait êêtre et déénonce le rééel tel qu'il est. Les deux fonctions de l'utopie, rêêve et rééflexion, sont donc aussi importantes l'une que l'autre, et indissociables. [...]
[...] Enfin, la destruction systéématique des livres dans Fahrenheit 451 est une allusion implicite àà la censure politique et culturelle, et àà la traque systéématique des communistes, accomplie dans les annéées 1950 par le séénateur Mac Carty lors de "la chasse aux sorcièères". Le gouvernement amééricain souhaitait en effet ééradiquer le communisme, et employait des mééthodes fanatiques, qu'il s'agisse de l'autodaféé des livres, ou de l'exéécution des "hééréétiques". Ainsi la méétaphore de la destruction par le feu renvoie au bûûcher dresséé pour les "sorcièères". En conclusion nous pouvons dire, que la contre-utopie futuriste béénééficie encore de nos jours d'un immense engouement auprèès de tout type de public. [...]
[...] Il n'y a pas de monarchie. Les cééréémonies religieuses font l'unanimitéé des habitants. Ces valeurs idééales font apparaîître en creux les qualitéés inverses dans les sociéétéés rééelles. Dans Candide, Voltaire déénonce le fanatisme religieux qui rèègne en Europe, d'abord implicitement avec les questions absurdes de Candide sur la religion, puis explicitement avec la critique des moines qui intriguent, se mêêlent des affaires politiques, et assassinent ceux qu'ils considèèrent comme hééréétiques. La simplicitéé du monarque est l'antithèèse de la monarchie europééenne, tyrannique, arrogante, éégoïïste, qui creuse l'éécart entre les classes sociales, qui censure les philosophes des Lumièères au lieu de reméédier àà la famine des paysans et àà l'analphabéétisme des pauvres. [...]
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